La session plénière de l’Assemblée nationale a rejeté le jeudi 6 avril 2023 la proposition de loi écologiste sur l’accès à l’alimentation, enterrant du même coup les amendements communiste et la France insoumise sur les prix bloqués. Ces amendements avaient été adoptés le matin même avec les voix de la gauche et du Rassemblement national face à « l’urgence sociale ».
Dans la matinée, la gauche avait réussi à faire passer de justesse ces amendements contre l’avis du gouvernement. Le communiste Sébastien Jumel avait proposé un « panier inflation » pour les produits agricoles et alimentaires avec des prix « fixés » et inférieurs à « l’inflation estimée ». De son côté, l’insoumis Emmanuel Fernandes avait proposé d’élargir à l’ensemble du territoire un « bouclier qualité-prix » déjà en vigueur dans les Outre-mer pour les produits alimentaires et d’hygiène « indispensables ». Son amendement prévoyait également le blocage des prix pour cinq fruits et légumes de saison.
Le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, avait tenté de s’opposer à ces mesures en estimant que les « prix réglementés trop bas peuvent entraîner l’apparition de pénuries », car les producteurs peuvent s’en « détourner » en « jugeant trop faibles » les perspectives de profits. Des députés macronistes ont également rappelé les engagements des distributeurs auprès du gouvernement : un trimestre anti-inflation autour d’une gamme de produits. A droite, la LR Anne-Laure Blin a pilonné le « soviétisme » et la « décroissance » de la gauche.
Les députés ont également commencé à détricoter la proposition de loi écologiste d’une prime alimentaire de 50 euros par mois pour les plus modestes, en se tenant aux promesses gouvernementales d’un fonds pour une aide alimentaire durable. Jean-Christophe Combe a défendu le programme gouvernemental « Mieux manger pour tous » de 60 millions d’euros en 2023, annoncé par l’exécutif dès l’automne. Sont prévus « 40 millions d’euros au niveau national », notamment pour « permettre aux associations de distribution alimentaire de pouvoir accéder à des produits frais » et « de qualité ». Le programme comprend également 20 millions d’euros en soutien « d’initiatives locales », dont de possibles expérimentations de « chèques ciblés » lancées par des collectivités pour l’accès à des denrées « alimentaires produites localement », en « circuits courts ».
Les écologistes ont également essuyé un revers sur leur volonté d’interdire à partir de 2024 les additifs nitrés dans toutes les charcuteries, ou au moins dans le jambon cuit, « particulièrement prisé des enfants ». La présidente du groupe EELV Cyrielle Chatelain a dénoncé les nitrites, « substances cancérogènes ». Le gouvernement a mis en avant le plan de réduction de l’utilisation des additifs nitrés dans les aliments, dévoilé fin mars. L’écosocialiste Francesca Pasquini a dénoncé une « marque de mépris évidente » du gouvernement sur son texte.