Poste : demie de mêlée. Club : Stade toulousain. Faits d’armes : meilleure joueuse du Tournoi des six nations et meilleure joueuse internationale française en 2022. Si ces titres individuels n’étaient pas accordés au féminin, tout pourrait laisser penser à Antoine Dupont. Mais le prodige du rugby français dispose d’un équivalent au sein du XV de France féminin, Laure Sansus. À 28 ans, la numéro 9 des Bleues, au sommet de son art, a décidé de prendre sa retraite à l’issue de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande (pays tenant du titre), où les Bleues affrontent l’Angleterre, samedi 15 octobre à 9 heures (TF1) en match de poule.
« Profiter au maximum. » Alors que les Bleues ont réussi, le 8 octobre, leur entrée en matière face à l’Afrique du Sud (40-5), Laure Sansus n’a que ces mots à la bouche au moment d’évoquer ses dernières semaines en tant que joueuse du XV de France. La demie de mêlée dispute à la fois sa première et sa dernière Coupe du monde. Mais pour réussir à profiter de ces moments et faire partie du voyage en Nouvelle-Zélande, la route fut longue pour celle qui comptait déjà prendre sa retraite fin 2021. « Ma décision était prise, mais la Coupe du monde a été décalée d’un an [en raison de la pandémie de Covid-19], donc il a fallu relancer la machine et puiser dans les ressources pour repartir pour un an supplémentaire », raconte-t-elle.
Pas une mince affaire pour celle qui joue au rugby depuis vingt-trois ans et est impatiente de tourner la page. « Je pense avoir fait le tour de la question rugby sur le terrain, assure-t-elle. Manquer des moments en famille ou entre amis, des baptêmes, des anniversaires, devoir planifier ma vie en fonction du rugby… ce sont des choses qui me pesaient de plus en plus. » Et du côté familial justement, Laure Sansus multiplie les projets. Elle se mariera à l’été 2023 avec sa compagne et coéquipière du Stade toulousain et de l’équipe de France Pauline Bourdon, et envisage de devenir maman. « L’envie d’avoir un enfant est difficilement conciliable avec une carrière sportive et ça fait partie des choses qui me font dire que je prends la bonne décision, même si ce n’est pas pour cela que j’arrête », affirme-t-elle.
« C’est au-delà du sportif »
Repartir pour une saison supplémentaire a finalement bien réussi à Laure Sansus, sacrée championne de France avec son club, puis récompensée individuellement avec les titres de meilleure joueuse du Tournoi des six nations et de meilleure joueuse internationale française en 2022. Mais pas de quoi remettre en question sa décision de raccrocher les crampons, annoncée en mai. « Les gens ont du mal à comprendre ce choix, parce qu’au niveau sportif, je sors d’une saison complète. Mais c’est au-delà du sportif. J’ai envie de m’épanouir ailleurs. J’ai aussi eu l’impression de boucler la boucle en jouant l’un de mes derniers matchs avec les Bleues en France, à Toulouse, chez moi, lors du dernier Tournoi des six nations, dans un stade que je foule depuis des années. Je l’ai vécu comme un cadeau. Je me dis que je finis sur une bonne note, et c’est encore plus plaisant. »
Après ses derniers matchs en France, Laure Sansus compte bien se créer de beaux souvenirs en Nouvelle-Zélande : « On est plusieurs à arrêter après cette compétition, donc chaque visite de stade ou remise de maillot, on essaye de s’en imprégner au maximum pour se faire le plus de souvenirs possibles ». Des moments partagés avec sa coéquipière et très proche amie, Céline Ferer, qui raccrochera également les crampons. « On se fait des petites photos pour immortaliser ces instants, comme la dernière fois où l’on a reçu la dotation vestimentaire. Ce sont des petits moments hors rugby mais qui sont tout aussi importants et font chaud au cœur », raconte la deuxième ligne.
Une dernière mission
Dès son retour en France, à partir de décembre, Laure Sansus reprendra le chemin de la boutique du Stade toulousain, où elle travaille depuis 2018, après avoir déjà mis sa carrière en pause, pendant un an, en 2017. « À l’époque, il n’y avait pas de contrat dans le rugby féminin et, financièrement, le seul choix que j’avais, c’était de travailler », explique-t-elle. Et si elle souhaite couper complètement avec la pratique du rugby, elle n’exclut pas de devenir entraîneur plus tard.
Mais avant de tourner la page, il reste une dernière mission à Laure Sansus : celle de mener les Bleues le plus loin possible dans la compétition en Nouvelle-Zélande. Le sélectionneur du XV de France, Thomas Darracq, compte sur sa demie de mêlée : « On respecte son choix. Laure est une fille de caractère, qui a vraiment sa carrière entre les mains. C’est une joueuse importante du groupe, mais ça fait partie du cycle de l’équipe de France et on espère qu’elle pourra nous apporter toute son énergie et son rugby pour cette Coupe du monde. » En inscrivant deux essais lors du match d’ouverture contre l’Afrique du Sud (40-5) le 8 octobre, la Toulousaine s’est déjà mise en évidence, et si l’essentiel de sa carrière est désormais derrière elle, Laure Sansus espère que son plus beau souvenir s’écrira à la fin de sa dernière compétition.