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En Afrique subsaharienne, des perspectives économiques « extrêmement incertaines », selon le FMI

En Afrique subsaharienne, des perspectives économiques « extrêmement incertaines », selon le FMI


La Banque nationale d’Angola, à Luanda, le 25 août 2022.

Ce devait être une année de reprise économique pour l’Afrique, mais 2022 marque finalement la multiplication des difficultés pour le continent, pris dans les conséquences de la guerre en Ukraine et des multiples chocs qui viennent secouer l’économie mondiale.

Après un rebond l’année dernière, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait ralentir en 2022 pour atteindre 3,6 % et se maintenir à 3,7 % en 2023, mais les perspectives à court terme sont « extrêmement incertaines », souligne le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport régional publié vendredi 14 octobre. « Les perspectives de la région sont directement liées aux évolutions de l’économie mondiale, estime l’institution. Dans ces conditions, les dirigeants politiques sont confrontés à l’un des environnements les plus difficiles de ces dernières années. »

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En cause, une conjonction inédite de difficultés, entre le ralentissement aux Etats-Unis, en Chine et en Europe – principaux marchés d’exportation pour le continent –, la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires provoquée par la guerre en Ukraine, et un marché financier qui privilégie les placements les plus sûrs, à commencer par la dette américaine. Cette situation économique vient renforcer les difficultés rencontrées depuis l’irruption de la pandémie de Covid-19. Car si les pays africains ont globalement plutôt moins souffert sur le plan sanitaire, il en va tout autrement d’un point de vue économique, le continent ayant connu un bond inédit de la pauvreté, mais aussi de la détresse alimentaire.

« Il y a un ralentissement mais, plus problématique encore et surtout plus néfaste, il y a la hausse des prix alimentaires et de l’énergie, s’inquiète Abe Selassie, directeur du département Afrique au FMI. C’est une situation très difficile pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Si la situation est ardue dans de nombreuses régions, elle est encore plus problématique en Afrique. » Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne concentre désormais 60 % de l’extrême pauvreté mondiale, avec 390 millions de personnes, soit plus que la population combinée de ses deux Etats les plus peuplés, le Nigeria et l’Ethiopie.

Or pour éliminer l’extrême pauvreté d’ici à la fin de la décennie, chaque pays de la région devrait connaître une croissance économique annuelle de 9 %, « une barre particulièrement élevée pour des pays dont la croissance du PIB par habitant était en moyenne de 1,2 % durant la décennie précédant la pandémie », souligne la Banque mondiale.

Des marges budgétaires réduites

Difficile d’investir et d’attirer des financements dans un contexte économique morose, alors que les investisseurs se tournent vers les placements les plus sûrs en attendant que l’orage monétaire passe. En outre, les marges budgétaires sont actuellement réduites : le continent connaît un niveau d’endettement global proche de 60 % de son PIB, le seuil le plus élevé depuis le début du siècle, selon le FMI. « Avant même la pandémie, nous insistions sur l’augmentation de l’endettement public dans la région. Cette situation a été accentuée par la pandémie », observe M. Selassie.

Pour y faire face, les institutions ont lancé un appel aux pays concernés : se tourner rapidement vers elles et ne surtout pas attendre que leur situation financière devienne trop difficile. Le 7 octobre, David Malpass, le président de la Banque mondiale, avait ainsi alerté sur le fait que « 44 milliards de dollars de dette sont devenus exigibles » dans les pays les plus pauvres, majoritairement africains, soit un montant supérieur à l’aide internationale reçue par les pays concernés.

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« Si leur niveau d’endettement n’est pas soutenable, nous ne pouvons pas intervenir, les pays doivent s’entendre avec leurs créanciers. Si nous intervenions alors que la dette n’est pas viable, les ressources que nous injecterions iraient au remboursement de la dette plutôt qu’à la politique budgétaire », explique M. Selassie.

Certains pays ont pu restructurer leur endettement, notamment grâce au cadre commun de négociation mis en place par le G20. C’est le cas de la Zambie, après deux années de négociations entre les différents créanciers, au premier rang desquels la Chine. Mais, souligne Masood Ahmed, président du Center for Global Development, « c’est un processus très lent et qui ne marche pas bien alors que dans le même temps les pays en difficulté doivent attendre et voient la situation empirer ».

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Le Monde avec AFP

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