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L’Arabie saoudite compte sur Alstom pour faire circuler des trains à hydrogène dans le désert

BFM Business



Un train a hydrogene produit par Alstom et experimente en Allemagne a la gare de Leipzig le 1er fevrier 2019 1002954

Alstom, l’industriel français pionnier dans cette technologie propre, a passé un protocole d’accord avec le royaume afin de réfléchir au développement de solutions de train à hydrogène adaptées.

Le train à hydrogène se présente comme la solution pour remplacer les polluants trains alimentés au diesel encore nombreux en Europe et dans le monde, notamment dans les réseaux secondaires. Or l’électrification de ces lignes n’est pas envisageable au vu du rapport coûts/rentabilité.

C’est une réalité en Europe. En Allemagne, où 20% des trajets par rail le sont avec des trains au diesel, une flotte de quatorze trains à l’hydrogène, fournis par le français Alstom à la région de Basse-Saxe (nord), remplace depuis août les rames diesel sur la centaine de kilomètres de la ligne reliant les villes de Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehud, non loin de Hambourg.

Des trains à hydrogène vont également bientôt circuler en Italie, en Suède et en France où douze rames ont été commandés par les régions Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes pour une mise en service au mieux en 2025.

Engagement Net Zero

Et il pourrait faire sa première percée en dehors du Vieux continent, précisément en Arabie saoudite. Alstom a en effet signé il y a quelques semaines un protocole d’accord avec Saudi Railway Company (SAR) afin de réfléchir au développement de solutions de train à hydrogène adaptées au climat local.

« L’objectif est d’explorer les opportunités pour l’avenir de la mobilité durable en Arabie saoudite (…) pour développer et mettre en œuvre des solutions liées au chemin de fer
infrastructures et capacités alignées sur Vision 2030″ peut-on lire dans un communiqué.

« L’accent mis sur les solutions de mobilité durable, y compris l’hydrogène, la technologie sera un catalyseur clé de la diversification et de la croissance économique du Royaume », commente Mama Sougoufara, directrice générale d’Alstom pour la région Moyen-Orient, Afrique de l’Est, Afrique du Nord et Turquie.

Rappelons que l’Arabie saoudite a annoncé son engagement Net Zero (émission de carbone) d’ici 2060, le transport ferroviaire jouera donc un rôle clé dans la réalisation de cet objectif. Le Royaume ne dispose que de quatre lignes de chemin de fer sur un réseau d’à peine 3700 kilomètres. Et à l’exception de la ligne à grande vitesse de quelques centaines de kilomètres entre La Mecque et Médine qui est électrifiée, les rames y sont tractées aujourd’hui par des locomotives 100% diesel.

Le royaume veut tripler son réseau ferré

Mais le royaume entend investir massivement dans le rail. En janvier dernier, l’Arabie saoudite a annoncé son intention de tripler la taille de son réseau ferroviaire avec  8000 kilomètres de nouvelles voies. Un nouveau réseau qui devra en partie être propre, le pays souhaitant continuer à s’appuyer sur ses immenses ressources en pétrole.

« La transition énergétique doit être mûrement réfléchie », a souligné le prince Abdelaziz à la tête du royaume.

« Il s’agit d’un saut dans le futur, un futur malheureusement inconnu. Nous ne devons pas renoncer à la sécurité énergétique au nom d’un coup publicitaire ». 

Le défi est immense. Car il ne s’agira pas simplement d’exporter des rames à hydrogène Coradia iLint dans le pays.

« Chaque ligne ferroviaire est particulière et nécessite d’être évaluée et peut nécessiter des ajustements dans les produits développés, ainsi que des exigences différentes de la part des clients et des opérateurs. Le climat et l’environnement font également partie des facteurs qui nécessitent des études et peuvent conduire à d’autres ajustements et adaptations » nous explique l’industriel.

Il faudra également déployer l’écosystème qui permet de faire circuler les trains à hydrogène: stations de stockage et de ravitaillement (même si un train à hydrogène est capable en théorie de rouler plus de 1000 kilomètres sans recharge). Sans oublier la production qui est encore rare et pas toujours verte.

Le défi de l’écosystème

Seul l' »hydrogène vert », fabriqué à l’aide d’énergies renouvelables, est considéré comme durable par les experts. D’autres méthodes de fabrication existent, bien plus courantes, mais elles émettent des gaz à effet de serre, car fabriquées à partir d’énergie fossile.

Selon l’institut de recherche français IFP, spécialisé sur les questions énergétiques, l’hydrogène est actuellement « issu à 95% de la transformation d’énergies fossiles, dont pour près de la moitié à partir du gaz naturel ».

Autant de problématiques qui exigent des investissements colossaux. D’autant plus que les trains ne sont pas les seuls à être assoiffés d’hydrogène. C’est tout le secteur des transports, routier ou aérien, mais aussi l’industrie lourde, notamment la sidérurgie et la chimie, qui comptent sur cette technologie pour réduire ses émissions de CO2.

Mais pour le moment, cette appétence pour l’hydrogène ferroviaire profite à Alstom. Si son grand concurrent, l’allemand Siemens, a dévoilé en mai dernier un prototype de train à hydrogène avec la Deutsche Bahn, il ne sera pas mis en service avant 2024.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business

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