Au lendemain du retrait annoncé de Simonetta Sommaruga, la presse suisse met en avant jeudi l’aspect humain de sa démission. La décision de la conseillère fédérale socialiste mérite le respect, soulignent plusieurs commentateurs.
Le départ de Simonetta Sommaruga en raison de l’état de santé de son mari témoigne de son sens des responsabilités envers son pays, ses collègues du gouvernement et sa propre famille, souligne le Blick. Elle envoie du même coup un signal fort que plus d’un politicien ou d’une manager devrait avoir à cœur: le travail ne fait pas tout et personne n’est irremplaçable.
Souvent qualifiée d’inaccessible par sa réserve, relèvent le Tages Anzeiger et ses confrères alémaniques de Tamedia, elle nous rappelle avec ce départ ce qu’elle nous a presque fait oublier par moments pendant son mandat: que les conseillères et conseillers fédéraux sont finalement aussi des êtres humains.
Le poids plutôt que le plaisir de la fonction
La responsabilité faite femme, écrivent pour leur part le St-Galler Tagblatt, l’Aargauer Zeitung et la Luzerner Zeitung. Simonetta Sommaruga est une conseillère fédérale qui ne veut jamais perdre le contrôle – sur ses affaires et encore moins sur elle-même.
Malgré son goût pour le pouvoir, on percevait plus souvent le poids de sa fonction que son plaisir, estiment ces quotidiens alémaniques.
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Détermination dans le dossier énergétique
La Neue Zürcher Zeitung souligne que cette démission est bien entendu compréhensible, mais qu’elle tombe mal en pleine menace de crise énergétique.
C’est la cheffe du DETEC qui tire les ficelles de la gestion de crise et qui donne le ton dans presque tous les domaines, rappelle le journal. Et dans cette situation, elle a séduit dès le début par sa détermination. Alors que d’autres dormaient encore, elle a pris des mesures précoces afin d’éviter que la Suisse ne se retrouve soudainement dans le noir cet hiver.
Avec Simonetta Sommaruga, c’est l’un des membres les plus talentueux du gouvernement fédéral qui s’en va, poursuit la NZZ. En presque douze ans de mandat, cette stratège politique ne s’est pas laissé détourner de sa voie par les échecs.
Mais pour Lise Bailat, dans 24heures et la Tribune de Genève, son bilan est en deux teintes. Avec l’immigration de masse et la loi sur le CO2, elle a souvent perdu, écrit l’éditorialiste, mais jamais en mauvaise perdante.
Une démission qui tombe à pic pour le PS
Le bilan politique de la Bernoise est plutôt mitigé, commente Vincent Bourquin dans Le Temps. Mais son retrait, même s’il n’était pas prévu, arrange grandement les affaires des socialistes, souligne-t-il. Il renforce les chances du PS de conserver ses deux sièges au gouvernement, quels que soient les résultats des élections fédérales 2023. Le risque que le Parlement ne réélise pas un sortant est mince. C’est un « coup de pouce » pour son parti, renchérit l’éditorial de La Liberté.
Le grand enjeu maintenant, estime l’édito de 24heures et de la Tribune de Genève, est la répartition des départements. Au-delà de la personnalité des nouveaux conseillers fédéraux qui seront élus le 7 décembre, ce rebrassage des portefeuilles pourrait augurer une sortie des situations de blocage et relancer enfin cette législature.
Valérie Droux/oang