LA MARINE BRÉSILIENNE COULE UN PORTE-AVIONS FRANÇAIS REMPLI DE DÉCHETS TOXIQUES
La marine brésilienne a annoncé vendredi 3 février avoir coulé l’ancien porte-avions Foch rempli d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques dans l’océan Atlantique, une décision critiquée par plusieurs organisations de défense de l’environnement. La coque de 266 mètres de long était qualifiée de « colis toxique de 30 000 tonnes » par l’association Robin des bois.
UNE OPÉRATION PLANNIFIÉE ET CONTRÔLÉE
Le naufrage a eu lieu à quelque 350 km des côtes brésiliennes, dans une zone d’une profondeur approximative de 5 000 mètres. La marine brésilienne avait estimé ne pas avoir d’autre choix vu l’état très dégradé de la coque et les risques qu’implique le remorquage. Le ministère public fédéral du Brésil avait alerté sur les conséquences, soulignant cette semaine que le porte-avions « contient actuellement 9,6 tonnes d’amiante, une substance au potentiel toxique et cancérigène, ainsi que 644 tonnes d’encres et d’autres matières dangereuses ». Cependant, le juge du tribunal fédéral de l’Etat du Pernambouc a autorisé l’opération même s’il l’a considérée comme une solution « tragique et regrettable ». Une zone située à quelque 350 km au large des côtes brésiliennes, avec 5 000 mètres de profondeur, a été considérée comme étant « la plus sûre » pour ce sabordage, selon le communiqué du ministère brésilien de la Défense et de la marine.
DES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX MASSIFS
Le navire contenant de l’amiante, une substance au potentiel cancérogène, et 644 tonnes d’autres matières dangereuses représente un risque colossal pour l’environnement. Les ONG environnementales Greenpeace, Sea Shepherd et Basel Action Network ont dénoncé une violation de trois traités internationaux sur l’environnement et ont prédit des dommages incalculables, avec des impacts sur la vie marine et les communautés côtières. Plusieurs ONG avaient fait part de leur crainte de voir le Brésil commettre un « crime environnemental ».
UNE VIEILLE COQUE DE 30 000 TONNES
Construit à la fin des années 50 dans le chantier naval de Saint-Nazaire, le porte-avions a été pendant 37 ans au service de la marine française avant d’être acheté en 2000 par le Brésil, qui l’a rebaptisé Sao Paulo. En raison de sa vétusté et d’une série de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et alors que sa modernisation aurait coûté trop cher, Brasilia a décidé de s’en défaire. La marine avait pris en remorque l’ancien porte-avions dans l’Atlantique en avril 2021. Le chantier Sok Denizcilik l’a acheté pour sa ferraille mais menaçait de l’abandonner faute de trouver un port pour l’accueillir. En juin 2022, il obtient l’autorisation des autorités brésiliennes de le convoyer jusqu’en Turquie en vue de son démantèlement. Cependant, alors qu’il se trouvait au niveau du détroit de Gibraltar, les autorités environnementales turques ont refusé de l’accueillir.
