Face aux prix qui ne cessent de grimper aux Etats-Unis, la banque centrale américaine, la Fed, a annoncé, mercredi 27 juillet, une nouvelle forte hausse des taux directeurs de 0,75 point.
La Fed prévoit de continuer à relever ses taux directeurs, a-t-elle fait savoir. « Les récents indicateurs de dépenses et de production ont ralenti. Cependant, les créations d’emploi sont restées robustes ces derniers mois, et le taux de chômage est toujours bas », a commenté la Fed dans un communiqué.
La réunion du comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, avait débuté mardi. Lors de sa précédente réunion, à la mi-juin, le FOMC avait déjà porté les taux dans une fourchette de 1,50 à 1,75 %. Il s’agissait alors de la plus forte hausse depuis 1994. Cette fois, la hausse de 0,75 point porte les taux directeurs entre 2,25 et 2,50 %.
Inflation à 9,1 % sur un an, en juin
L’objectif de cette décision est de rendre le crédit plus onéreux pour faire ralentir la consommation et, in fine, desserrer la pression sur les prix. L’inflation a en effet encore atteint un nouveau record en juin, à 9,1 % sur un an, du jamais-vu depuis plus de quarante ans dans la première économie du monde. La consommation est la locomotive de l’économie américaine, comptant pour près des trois quarts du PIB.
Les commentaires que pourra faire Jerome Powell sur le rythme des hausses qu’envisage l’institution pour les mois à venir seront également scrutés et décortiqués par les observateurs. « M. Powell répétera que la Fed considère l’inflation comme un fléau, en particulier pour les ménages à faible revenu, et que les décideurs politiques sont déterminés à la faire baisser », anticipe l’économiste Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.
La Fed a déclaré qu’il faudrait une baisse de l’inflation pour qu’elle envisage de cesser de relever ses taux, ou du moins de ralentir le rythme des hausses. « Nous prévoyons que cette condition sera remplie au moment de la réunion de septembre », ajoute Ian Shepherdson. Le ralentissement économique tant attendu pour faire baisser les prix pourrait toutefois s’avérer trop fort, et faire plonger la première économie du monde dans la récession.
Selon le FMI, « mince possibilité » d’échapper à la récession
La Banque centrale européenne a aussi commencé à resserrer sa politique monétaire, suivant ainsi nombre d’instances financières. Et le Fonds monétaire international (FMI) a dit mardi qu’il était primordial que ces institutions continuent de lutter contre l’inflation. Cela ne se fera, certes, pas sans mal et « une politique monétaire plus stricte aura inévitablement des coûts économiques, mais tout retard ne fera que les exacerber », selon le FMI. La Fed espère réussir un « atterrissage en douceur ».
La bonne santé de l’économie américaine devrait lui permettre d’échapper à une récession, selon la ministre de l’économie et des finances de Joe Biden, Janet Yellen. Le FMI est moins optimiste. « L’environnement actuel suggère que la possibilité que les Etats-Unis échappent à la récession est mince », a averti mardi son chef économiste, Pierre-Olivier Gourinchas.
L’institution internationale ne table plus désormais pour cette année que sur 2,3 % de croissance aux Etats-Unis, soit 1,4 point de moins que lors de ses dernières prévisions, publiées en avril. La croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre sera publiée jeudi. Elle devrait être très légèrement positive, après un premier trimestre négatif (− 1,6 %), sauvant ainsi l’économie américaine de la récession pour cette fois.
Dans l’hypothèse où elle serait de nouveau négative, la première économie du monde entrerait alors en récession technique. La définition même de la récession, cependant, fait débat dans le pays à l’approche de cette publication : s’agit-il d’une croissance négative durant deux trimestres, ou d’une dégradation plus large des indicateurs économiques – ce qui n’est pas le cas actuellement ?