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Jeannie Longo, championne sans héritage

Jeannie Longo, championne sans héritage


Marion Rousse et Jeannie Longo lors de la première étape du Tour de France femmes, à Paris, le 24 juillet 2022.

Les mots et l’histoire ont leur importance pour Jeannie Longo. A force d’entendre parler d’un premier Tour de France féminin, à propos du Tour de France Femmes créé cette année par Amaury Sport Organisation (et qui se termine aujourd’hui), la légende du cyclisme a pris la mouche.

« Ce n’est pas très respectueux pour celles qui l’ont déjà couru, pour les vainqueurs comme [l’Américaine] Marianne Martin, [l’Italienne] Maria Canins ou moi. On a marqué le cyclisme et on est un peu peinées », s’est – un peu – énervée, dans un entretien au Parisien le 25 juillet, la triple vainqueure (1987, 1988, 1989) de ce « préquel » organisé dans les années 1980.

A l’époque, Jeannie Longo capte déjà toute la lumière avec son duel contre Maria Canins, ou avec sa personnalité affirmée, comme lorsqu’elle douche sur le plateau d’Antenne 2, lors du Tour de France 1987, un Marc Madiot, maillot de champion de France sur le dos, qui trouve que « voir une femme sur un vélo, c’est moche ».

Cyclisme féminin et Longo, un pléonasme

En France, cyclisme féminin et Longo ont fini par devenir un pléonasme. Ses résultats – treize titres mondiaux et un titre olympique, en 1996 –, ainsi que sa longévité y ont contribué. Un autre facteur aussi, et surtout, n’y est pas étranger : l’absence d’une filière féminine structurée et professionnalisée, permettant à des jeunes femmes de ne se consacrer qu’au vélo, sans avoir à travailler en parallèle.

En 2012, à l’arrivée du championnat de France à Saint-Amand-Les-Eaux (Nord), plus de trente ans après ses débuts, c’était encore elle, par exemple, qui était au centre de l’attention. Pas pour ses résultats – elle avait pris la 12e place –, mais parce qu’elle avait dû répondre aux questions sur les achats présumés d’EPO fait par son mari.

« Elle vampirise toute l’attention médiatique », déplorait alors le président de la Fédération française de cyclisme (FFC), David Lappartient. La victoire d’une jeune locale était passée presque inaperçue. Son nom ? Marion Rousse.

Une décennie plus tard, la Nordiste rivalise en notoriété avec Jeannie Longo entre son rôle de consultante pour France Télévisions et son nouveau titre de directrice du Tour de France Femmes. Dimanche 24 juillet, les deux femmes se tenaient côte à côte pour le grand départ depuis les Champs-Elysées, à Paris.

Lire aussi : Tour de France Femmes : Marion Rousse, madame la directrice

Quand Le Monde a demandé à la patronne de l’épreuve si l’« héritage Longo » n’a pas fini par se révéler encombrant, elle a déployé des trésors de diplomatie : « Jeannie est devenue un personnage public hors sport. C’est fort quand même d’arriver à faire ça : tout le monde aujourd’hui connaît Jeannie Longo. Pourtant, à l’époque, on ne parlait pas du tout du cyclisme féminin : c’est une grande dame. »

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