Il est prêt. L’ancien premier ministre Jean Castex, très à l’aise et volubile, a tenu à montrer à la commission de l’aménagement du territoire du Sénat et à la commission développement durable de l’Assemblée nationale qu’il était l’homme de la situation pour diriger la RATP. « Une entreprise de plus de 70 000 personnes, après les derniers appels d’offres gagnés, troisième opérateur mondial de transport public », a souligné le candidat lors de son audition, assurant n’avoir eu aucune hésitation quand « le pouvoir exécutif » lui a proposé de quitter l’Agence pour le financement des infrastructures et des transports (AFIT France) et ses 25 agents. Il n’a pas non plus cherché à minimiser les difficultés qui l’y attendent, si sa nomination est confirmée par les parlementaires.
La situation est tellement tendue à la Régie que le rapporteur de la commission sénatoriale, Philippe Tabarot (Les Républicains, LR), a apporté d’emblée son soutien à Jean Castex, cherchant à éviter les votes négatifs « pour ne pas l’affaiblir dans sa mission ». Le sénateur avait au préalable clarifié auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) le sens de son avis, favorable à la nomination de M. Castex, mais lui interdisant « toute démarche auprès des membres de son gouvernement lorsqu’il était premier ministre » : cela ne l’empêchera pas de les contacter pour les affaires courantes, puisque la restriction ne porte que sur les sujets liés à l’ouverture à la concurrence des lignes de bus, tramway ou métro.
« Une grève de bienvenue »
Qu’est-ce qui attend le prochain PDG de la RATP ? D’abord, « une grève de bienvenue », ironise le sénateur. « Un coup de semonce », reconnaît-on à la direction des ressources humaines de la RATP. L’appel a été lancé par les syndicats de la Régie mi-octobre pour demander des hausses de salaires et une amélioration des conditions de travail. Le mouvement dans les transports parisiens s’annonce très suivi, avec sept lignes totalement fermées et sept seulement ouvertes aux heures de pointe, a fait savoir la RATP. Seules les lignes 1 et 14, totalement automatisées, circuleront normalement, mais avec « un risque de saturation », prévient la Régie. Sur le RER, 1 train sur 3 circulera en moyenne sur la ligne A, et 1 sur 2 sur la B aux heures de pointe.
Cette mobilisation est le reflet d’un profond malaise dans l’entreprise, qui a vu sa PDG, Catherine Guillouard, démissionner précipitamment pour raisons familiales fin septembre, au moment même où son directeur général adjoint, Philippe Martin, partait à la retraite. Depuis, les failles dans l’édifice des transports parisiens apparaissent tous les jours, sans chef pour les colmater.
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