Les élections de mardi aux États-Unis seront cruciales.
Si les républicains font les gains anticipés, leur contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants achèverait de paralyser l’administration Biden.
Si cela survient, les démocrates n’auront qu’eux-mêmes à blâmer.
- Écoutez l’édito de Joseph Facal à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 48 via QUB radio :
Déconnexion
Certes, un recul du parti qui occupe la Maison-Blanche lors des élections de mi-mandat n’a rien de nouveau, mais celui-ci serait l’approfondissement d’une tendance lourde.
Nous sommes en effet en face d’un parti de plus en plus déconnecté du réel et qui ne semble pas vouloir remédier à ce problème.
Au contraire, comme tant de mouvements kidnappés par des idéologues durs, on préfère se persuader qu’on a raison et s’enfoncer dans le déni plutôt que de faire des gains concrets.
On a beaucoup noté que le Parti républicain a changé de nature et qu’il est devenu une secte vouant un culte à Donald Trump, hébergeant nombre de fêlés qui croient à des absurdités.
C’est absolument indéniable. Mais on note moins à quel point les démocrates s’engouffrent aussi dans leur version d’un divorce avec la réalité.
La réalité brute est que la base traditionnelle du Parti démocrate s’effiloche.
Depuis 10 ans, l’appui au Parti démocrate chez les électeurs blancs sans diplôme universitaire est en chute libre. Il augmente cependant chez les diplômés universitaires.
Pendant cette période, les démocrates ont aussi perdu 18 points chez les non-diplômés qui n’ont pas la peau blanche.
Bref, sans vous noyer dans les chiffres, tous les indicateurs montrent que le Parti démocrate, pour le dire avec une formule globale, est de plus en plus celui d’une élite universitaire, jeune et urbaine.
Regardez la campagne en cours.
Quels sont les trois thèmes fondamentaux des candidats démocrates?
Ce sont le droit à l’avortement, le contrôle des armes à feu et l’avenir de la démocratie américaine.
Bien sûr, ce sont des thèmes importants.
La criminalisation des avortements ne les fera pas disparaître. Elle les rendra clandestins.
Les tueries de masse sont beaucoup plus fréquentes aux États-Unis qu’ailleurs en raison du grand nombre d’armes à feu légales et illégales en circulation.
Il est aussi terriblement inquiétant de voir tous ces candidats républicains qui disent d’avance qu’ils ne reconnaîtront pas leur défaite si elle survient, invoquant une supposée vaste arnaque électorale.
Le problème est que ces thèmes, pour importants et légitimes qu’ils soient, font vibrer précisément cette clientèle jeune, urbaine et éduquée.
La classe ouvrière, bastion traditionnel des démocrates, est plutôt préoccupée par l’emploi, l’inflation et la criminalité.
Elle est aussi de plus en plus agacée par les politiques de discrimination positive, le néo-racialisme à l’école et les autres idées associées à la mouvance woke.
Ne se reconnaissant plus dans le discours dominant des démocrates, elle se tourne de plus en plus vers les républicains.
- Écoutez l’édito de Joseph Facal à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 48 via QUB radio :
Abandonnée
Ce n’est pas tellement qu’elle ne voit pas le caractère nocif de Trump et du trumpisme.
C’est qu’elle se sent larguée, regardée de haut par les dirigeants du parti qui fut longtemps sa maison naturelle.