Les thérapies de conversion vise à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. En Suisse, plusieurs démarches visent à les interdire. L’équipe de 15minutes a cherché à comprendre en quoi consiste ces pratiques.
« On me lisait des versets de la Bible, on m’expliquait que le plan de Dieu, c’était uniquement l’hétérosexualité. » Isaac, 25 ans, a suivi des thérapies de conversion ces dix dernières années.
« C’était une démarche volontaire de ma part de suivre ces thérapies, j’ai vite compris que l’homosexualité n’était pas accepté par ma famille, par mes amis, par mon Eglise et que pour avoir ma place dans ce monde je devais changer ». Isaac a grandi dans un milieu évangélique et conservateur, dans lequel l’homosexualité n’est pas facilement acceptée.
Un séminaire de prières
Alors pour tenter de changer, il participe au séminaire « Torrent de vie » dans le canton de Vaud en 2016. Depuis, l’institution a cessé ses activités en Suisse romande.
« On priait pour moi, c’était des gens qui avaient du coeur. Mais avec le recul, il y avait toujours un côté fourbe: de la bienveillance et en même temps cette injonction ‘il faut que tu changes!' »
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Interdire ces pratiques
Plusieurs cantons veulent légiférer pour interdire ces pratiques. Vaud est le plus avancé, la consultation sur le sujet vient de s’achever.
L’objectif consiste aussi à envoyer un « message fort et dissuasif » à toute organisation pratiquant ces activités, estime Julien Eggenberger, député socialiste vaudois, à l’origine de cette proposition d’interdiction.
Si le texte ne vise pas uniquement les milieux religieux, ceux-ci sont souvent cités. Les Eglises évangéliques s’inquiètent.
« C’est le rôle de notre Eglise d’accueillir ces personnes qui sont en demande d’un accompagnement pastoral et qui sont dans une souffrance », explique Stéphane Klopfenstein, pasteur et directeur adjoint du Réseau évangélique suisse. « Avec cette loi, même une prière pourrait être considérée comme une thérapie de conversion ». Le pasteur précise toutefois que dans l’Eglise évangélique, seuls les mariages hétérosexuels peuvent être bénis.
« Nous ne cherchons pas à les guérir, mais si une personne mariée est attirée par quelqu’un du même sexe, nous prions pour elle pour qu’elle puisse tenir ses engagements. »
Oser en parler
Dans les milieux LGBTIQ+, les avis sur une interdiction des thérapies de conversion sont partagés. L’association chrétienne LGBTIQ+ Arc-En-Ciel, basée à Neuchâtel, plaide plutôt en faveur d’une église plus inclusive.
Un avis que partage Roland Weber, co-président de Zwischenraum Schweiz, une association chrétienne LGBTIQ+ alémanique. « Il faut que nous soyons plus visibles et que nos témoignages touchent les coeurs de nos frères et soeurs chrétiens, et que le message du coeur monte dans leurs têtes. » Roland Weber fait également un parallèle: « il a fallu du temps à l’Eglise pour accepter les relations sexuelle hors mariage, preuve que les choses évoluent ».
Coraline Pauchard / Katia Bitsch