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Inquiétude grandissante pour la vie d’Alaa Abd El-Fattah, détenu politique en grève de la faim depuis sept mois en Egypte

Inquiétude grandissante pour la vie d’Alaa Abd El-Fattah, détenu politique en grève de la faim depuis sept mois en Egypte


Alaa Abd El-Fattah lors d’une conférence à l’Université américaine du Caire, le 22 septembre 2014.

Sept mois de grève de la faim, et un état de santé alarmant. Le détenu politique égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, qui a cessé de s’alimenter au début de l’année dans sa prison près du Caire, est désormais « sous traitement médical », a annoncé jeudi 10 novembre l’autorité pénitentiaire à sa famille. Plus tard dans la journée, le parquet égytien a assuré que l’homme de 40 ans était « en bonne santé » et qu’il n’avait « pas besoin d’être transféré vers un hôpital ».

Ses proches craignent cependant qu’il ne soit nourri de force, ce qui est considéré par le droit international comme de la torture et même un crime contre l’humanité. « Il faut que notre mère puisse le voir, ou un représentant de l’ambassade britannique, pour que nous puissions savoir dans quel état de santé il se trouve vraiment », a lancé sur Twitter sa sœur, Mona Seif. Alaa Abd El-Fattah n’a ingéré que 100 calories par jour durant sept mois.

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Depuis qu’Alaa Abd El-Fattah a cessé de boire dimanche, le jour de l’ouverture de la COP27 en Egypte, sa mère, Laila Soueif, se rend chaque jour à la prison de Wadi Natroun, à 100 kilomètres au nord-ouest du Caire, sans parvenir à obtenir des nouvelles. La famille s’inquiète : Alaa Abd El-Fattah a-t-il été transféré vers une autre prison, vers l’hôpital de la prison ou n’est-il tout simplement plus en état d’être vu ?

« Libérez-les tous ! »

Jeudi, un officier est sorti de la prison pour dire à sa mère que le détenu était « sous traitement médical » et que « le parquet en a[vait] été informé ». Ni la famille ni les avocats n’ont été prévenus, accuse Mona Seif. Et aucun détail n’a été donné sur ce « traitement médical ». Pour Hossam Bahgat, fondateur de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), la plus grande ONG des droits humains du pays, « cela veut dire qu’il est nourri de force ».

Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, qui doit rencontrer son homologue égyptien le 11 novembre, a fait part jeudi de sa « profonde inquiétude » sur le sort du prisonnier et réclamé qu’il soit « libéré ».

Alors que ses défenseurs ne lui donnent que quelques jours à vivre, la mobilisation s’accentue. Jeudi matin, habillés de blanc comme les prisonniers égyptiens, des centaines de participants à la COP27 à Charm El-Cheikh, à plus de 600 kilomètres au sud de Wadi Natroun, ont scandé « Libérez Alaa ! » et « Libérez-les tous ! » en référence aux plus de 60 000 détenus politiques que compte l’Egypte, selon les ONG.

Une action appelant à la libération d’Alaa Abd El-Fattah, lors de la COP27 sur le climat, à Charm El-Cheikh, en Egypte, mardi 8 novembre.

Cette question extrêmement sensible en Egypte – qui pointe à la 136e place, sur 139 pays, au classement mondial de l’Etat de droit du World Justice Project – est désormais incontournable à la COP27. Plusieurs dirigeants occidentaux ont réclamé sa libération au président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.

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Dans le même temps, une contre-campagne s’organise. Un député a pris à partie Sanaa Seif, l’autre sœur d’Alaa Abd El-Fattah, à la COP27 avant d’être expulsé par la sécurité des Nations unies. La représentation égyptienne à Genève a protesté contre l’ONU, qui a dénoncé des « procès inéquitables » et des « arrestations arbitraires ».

Un avocat a aussi porté plainte contre Sanaa Seif pour « conspiration avec l’étranger » et « fausses informations », selon la campagne qui milite pour la libération de son frère. Le parquet doit encore décider s’il reçoit cette plainte. C’est pour le même chef de « fausses informations » qu’Alaa Abd El-Fattah a été condamné à cinq ans de prison à la fin de 2021. Il avait partagé un post, écrit par quelqu’un d’autre, accusant un officier d’avoir tué un détenu sous la torture.

Le Monde avec AFP

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