Indécision quant aux nouvelles politiques migratoires à la limite méridionale.

ENTRÉE EN VIGUEUR DE NOUVELLES RÈGLES MIGRATOIRES STRICTES AUX FRONTIÈRES DU SUD DES ÉTATS-UNIS
Le 12 mai 2023, les États-Unis ont mis en place des règles migratoires strictes après l’expiration du « Titre 42 », le dispositif établi par l’administration Trump pendant la pandémie de Covid-19 qui permettait de refouler immédiatement les migrants dépourvus de visa au nom de l’urgence sanitaire. Le nouveau système, qui comprend notamment des restrictions au droit d’asile, est entré en vigueur jeudi à 23 h 59, heure de Washington, plongeant des milliers de migrants à la frontière sud dans l’incertitude et suscitant de vives critiques d’ONG. Les changements, entourés de rumeurs et d’incompréhension, ont suscité des craintes d’un afflux chaotique depuis le Mexique. Découvrez dans cet article les principaux points concernant ces nouvelles règles migratoires strictes aux frontières du sud des États-Unis.

UNE SITUATION POLITIQUEMENT EXPLOSIVE

La question des frontières du sud est politiquement explosive et les républicains avaient demandé au président démocrate Joe Biden de laisser le « Titre 42 » en place, dénonçant une potentielle « invasion ». Les autorités martèlent cependant que la frontière sud n’est « pas ouverte ». Du côté de l’opposition conservatrice, on dénonce une « ouverture des frontières » de la part de l’administration Biden. En Floride, un juge fédéral s’est saisi de la plainte du gouverneur républicain de l’État, Ron DeSantis, et a ordonné à la police aux frontières de cesser d’autoriser les demandeurs d’asile à rester aux États-Unis pendant l’examen de leur dossier. Le nouveau dispositif, qui crée des incitations pour encore plus de migrants illégaux à venir à la frontière sud-ouest, suscite également des critiques de plusieurs ONG.

DES RESTRICTIONS AU DROIT D’ASILE

Après l’expiration du « Titre 42 », de nouvelles restrictions au droit d’asile sont immédiatement entrées en vigueur vendredi. Avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d’asile, sauf les mineurs isolés, devront désormais avoir obtenu un rendez-vous sur une application téléphonique centralisant les demandes ou s’être vu refuser l’asile dans un des pays traversés. Sinon, leur demande sera présumée illégitime et ils pourront faire l’objet d’une procédure d’expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l’entrée sur le sol américain. Des règles vivement critiquées par plusieurs ONG qui dénoncent une dégradation du traitement réservé aux demandeurs d’asile, allant à l’encontre de l’engagement américain envers ces derniers.

INCERTITUDE À LA FRONTIÈRE

Dans la nuit du 12 mai, entre Ciudad Juarez au Mexique et El Paso aux États-Unis, des centaines de personnes attendaient. Agustin Sortomi, un Hondurien, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) avoir essayé de se présenter aux autorités américaines avec sa femme et ses deux enfants, mais avoir été refoulé. « Je ne sais pas quoi faire », a-t-il dit. « Nous n’avons pas réalisé ce rêve, seul Dieu sait quand nous allons le réaliser ». A Brownsville, ville frontalière au Texas, l’AFP a vu des dizaines de véhicules de police déployés du côté américain du pont qui relie la ville à Matamoros, côté mexicain. Ces derniers jours, plus de 10 000 migrants sans visa ont chaque jour traversé la frontière, selon des médias américains. Des dizaines de milliers d’autres attendent de le faire, mais le calme semblait régner dans les zones concernées. Les migrants déjà entrés craignent le durcissement promis d’autres règles, notamment liées à l’octroi de l’asile.

LA PRÉPARATION DES AUTORITÉS AMÉRICAINES

Les autorités américaines se sont préparées en mobilisant des milliers d’agents et de militaires. Blas Nunez-Neto, secrétaire adjoint à la politique des frontières et de l’immigration au département de la sécurité intérieure, a déclaré vendredi que « nous n’avons constaté aucune augmentation substantielle de l’immigration ce matin » malgré la fin du « Titre 42 ». Le Mexique a de son côté rapporté vendredi avoir observé une baisse du nombre de personnes cherchant à aller aux États-Unis. Joe Biden, lui-même, avait récemment affirmé que la situation serait « chaotique pendant un moment ». Les autorités américaines insistent sur le fait que la frontière sud n’est pas ouverte et que les règles migratoires strictes sont destinées à empêcher l’immigration illégale.

CONCLUSION

Les nouvelles règles migratoires strictes aux frontières du sud des États-Unis ont suscité de vives critiques d’ONG et ont plongé des milliers de migrants à la frontière dans l’incertitude. Le durcissement des règles liées à l’octroi de l’asile a été particulièrement critiqué. Les autorités américaines ont mobilisé des milliers d’agents et de militaires pour faire face à la situation, mais des craintes d’afflux « chaotique » depuis le Mexique ont persisté. La question des frontières du sud est politiquement explosive et les républicains ont dénoncé une potentielle « invasion ». Les autorités américaines se préparent à une situation difficile dans les prochains mois.