163 rondes de financement ont permis aux startups suisses de lever 2,6 milliards de francs suisses depuis le début de l’année (2,6 milliards d’euros). Un chiffre en hausse de 50% sur un an pour le premier semestre, ce qui s’avère être assez exceptionnel en vue de la conjoncture économique qui a lourdement freiné l’investissement dans l’innovation.
Il fait très beau en Suisse, pour un pays qui ne pesait pas aussi lourd que la France ou l’Allemagne en matière de jeunes pousses.
3 nouvelles licornes
Lors de l’exercice de ces six derniers mois, la Suisse a profité de plusieurs transactions à grande échelle. 13 opérations de financement dépassaient les 50 millions de francs suisses (50 millions d’euros) entre le mois de janvier et juin, rapporte un rapport de Swiss Venture Capital Report. Profitant de cette dynamique, trois startups ont dépassé le milliard d’euros de valorisation, pour entrer dans le cercle des “licornes” tant médiatisé et lorgné par les investisseurs et plébiscité par les politiques.
Ces nouvelles licornes suisses sont :
- SonarSource, avec 375 millions d’euros levés en avril pour son outil de détection d’erreur dans le code informatique.
- ClimeWorks, lancé en 2009, qui a levé 600 millions de francs suisses (600 millions d’euros) pour son système de captation du CO2.
- Et enfin Scandit, qui levait 150 millions de dollars en février pour son outil de lecture de code-barres et d’identification des produits, utilisé par La Poste, Carrefour ou encore FedEx.
Comme ailleurs en Europe et dans le monde, les prévisions de hausse des taux d’intérêt a fortement ralenti les levées de fonds depuis le mois de mai. Dans certains secteurs, les levées sont quasi inexistantes, tout comme il est devenu très compliqué d’entrer en Bourse sans se serrer les dents et voir sa capitalisation fondre de moitié (bonjour Deezer).
“L’analyse du premier semestre révèle néanmoins les premiers signes d’un ralentissement”, écrivait Swiss Venture Capital Report, qui expliquait la dynamique du début d’année ainsi : “les bons chiffres du premier semestre sont également dus à la reprise de l’après-corona”.
Dans un sondage réalisé par Seca auprès de 80 investisseurs suisses en capital-risque, il était convenu qu’une baisse de 25% des investissements surviendrait lors du second semestre. Un ralentissement tout de même bien maîtrisé et notamment grâce à l’arrivée de nouvelles industries dans lesquelles la Suisse s’est spécialisée.
La Crypto Valley et ses 4 400 employés
Ces deux dernières années, le pays a pu profiter de sa faible fiscalité sur le capital pour inviter les nouvelles entreprises de la blockchain et des cryptomonnaies à s’installer. Que ce soit à Zurich, Genève, et surtout Zoug qui est qualifiée de “Crypto Valley”, de nombreuses boîtes sont nées et se déploient depuis la Suisse. On pense notamment à la société Bitcoin Suisse, qui a démocratisé les paiements en cryptos que ce soit dans les commerces ou pour les impôts.
En tout, la “Crypto Valley” suisse compte déjà 850 entreprises et 4 400 salariés. Une attractivité expliquée par Alexis Roussel, entrepreneur et spécialiste crypto en Suisse : “Dans le monde numérique, quand on doit créer sa structure, le lieu a peu d’importance, sauf pour la sécurité juridique qu’il offre. C’est cela que Zoug sait faire : elle a toujours été un endroit favorable aux initiatives privées”.