Un ex-directeur de l’École des métiers de la construction de Montréal qui avait fraudé le gouvernement pour se faire construire chez lui un garage inspiré du superhéros Batman a finalement écopé de 18 mois de prison.
« Son comportement, teinté de corruption, a sérieusement porté atteinte à l’intégrité d’un organisme gouvernemental. Tout bien considéré, il doit être puni par une peine d’emprisonnement ferme d’une durée significative », a commenté le juge Alexandre Boucher avant de condamner Alain Prud’homme mardi au palais de justice de Montréal.
Et une fois sa peine purgée, l’accusé de 64 ans devra effectuer 120 heures de travaux communautaires dans le cadre d’une probation de deux ans, afin de payer pour ses crimes commis de 2011 à 2017.
À l’époque, Prud’homme était directeur de l’École des métiers de la construction de Montréal (EMCM) et il avait profité de son titre pour octroyer des contrats « irréguliers » d’une valeur de près de 900 000 $ à deux entrepreneurs qui n’étaient pas homologués par la commission scolaire.
Luxe en cadeau
« En retour, il a reçu de leur part des avantages et bénéfices personnels d’une valeur approximative totale de 42 500 $, incluant un chèque-cadeau […], une contribution à un voyage en Italie et, surtout, des travaux pour la construction d’un garage de luxe à sa résidence privée », a rappelé le magistrat.
Prud’homme avait également profité de sa position pour faire construire un chic gymnase avec vestiaires à l’intérieur de l’école, ainsi que pour acheter de l’équipement inutile à l’EMCM, mais qu’il a utilisé a des fins personnelles.
Coupable de fraude envers le gouvernement et d’abus de confiance par un fonctionnaire public, Prud’homme espérait s’en sortir avec de la prison à domicile en raison de son âge, de son état de santé, ainsi que du risque de récidive limité.
La Couronne, de son côté, espérait jusqu’à 30 mois d’incarcération.
Pas conscient
Mais même si un rapport indique que l’accusé est « capable d’ouverture, d’autocritique et d’introspection », sa prise de conscience reste en demi-teinte, a estimé le juge en rappelant que l’accusé se pose en victime.
« Il est permis de se demander s’il comprend la lourde responsabilité qui se rattache à une charge publique », a-t-il dit.
Ainsi, après avoir mesuré tous les éléments du dossier, le juge a conclu que l’incarcération était nécessaire, afin de dissuader quiconque d’imiter Prud’homme.
Les deux entrepreneurs, Enrico Di Paola de Valdi-Tech et Modesto Abella d’Abella Électrique inc., avaient tous deux écopé de 15 mois de prison à domicile.