On ne présente plus le Ford F-150. Depuis quarante-quatre ans ce pick-up qui paraît colossal à nos yeux d’Européens mais dont le gabarit semble assez ordinaire à ceux des Nord-américains, truste la première place des ventes de véhicules aux Etats-Unis. Un monument. Il était donc quelque peu contre-intuitif de voir cette armoire à glace produite à quelque 600 000 unités par an, motorisée comme un camion et particulièrement populaire dans l’Amérique plutôt conservatrice des grandes plaines, embrasser avec zèle la croisade en faveur du tout-électrique.
En avance sur ses concurrents, y compris Tesla dont le Cyber Truck accumule les retards et n’est attendu au mieux qu’en 2023, la version Lightning du F-150 propose une alternative radicale au modèle le plus rentable jamais fabriqué par Ford. Sans doute, faut-il d’emblée énoncer l’évidence : ce véhicule ne saurait postuler à un brevet d’écologie. Certes, il n’émet pas de CO2 lorsqu’il circule mais cette caractéristique apparaît comme une qualité par surcroît. L’important, c’est d’abord sa capacité à s’adapter au mode de vie américain et de proposer une vitrine technologique.
Le passage du F-150 à l’ère électrique s’opère dans le plus strict respect de la démesure chère à la culture automobile née à Detroit, là où il est produit. La bête mesure 5,91 m, pèse près de trois tonnes, développe une puissance allant jusqu’à 563 ch distribuée par deux moteurs et un couple monstrueux de 1 050 Nm. Elle abat le 0 à 100 kmh en seulement quatre secondes, gratifiant ses occupants d’accélérations intenses mais jamais violentes. Le Lightning peut tracter une charge de plus de 900 kilos, embarquer 800 kilos de matériel dans sa benne et revendique des aptitudes avérées au tout-terrain.
Enormes batteries
Ses énormes batteries (98 ou 131 kW) lui assurent jusqu’à 513 kilomètres d’autonomie, selon le constructeur, et sont aussi en mesure d’alimenter toutes sortes d’appareils électriques exterieurs (pompe, treuil…) voire de recharger une autre voiture électrique. En revanche, le chargeur ne va pas au-delà de 150 kW en courant continu, ce qui paraît un peu chiche pour un tel mastodonte. Sur une prise domestique, il faudra 19 heures pour passer de 15 % à 100 % de charge.
Lesté par ses 800 kilos de batteries, le F-150 Lightning ne se couche pas dans les virages et son essieu arrière multibras (une dotation ordinaire, sauf pour un pick-up) comme sa direction étonnamment douce engendrent une sensation de confort. L’habitacle est vaste, sa présentation soignée sans être luxueuse et la conduite est bien plus fluide qu’à bord de son homologue à moteur thermique. Sans forcer, on a relevé une consommation moyenne de 29 kWh aux 100 km. C’est beaucoup, surtout à vide, mais inévitable pour déplacer un engin aussi lourd. Il faudra avaler beaucoup de kilomètres, de préférence avec de l’électricité d’origine décarbonée, pour éponger en un délai raisonnable la « dette de CO2 » notamment imputable à la fabrication de ses batteries.
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