« A quand le plein-emploi pour les personnes handicapées ? » Tel est le thème de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées 2022, qui va s’ouvrir lundi 14 novembre. Dans un contexte de réduction globale du taux de chômage qui a amené le gouvernement à réorienter les politiques publiques sur un objectif de plein-emploi, et alors que le chantier France Travail a été lancé le 12 septembre, cette question mérite évidemment une attention particulière.
Car, si le chômage des personnes en situation de handicap diminue, il reste deux fois plus important que pour le reste de la population, et le chômage de longue durée se maintient à un taux très élevé. Le constat est connu et souligné chaque année par APF France Handicap : le taux d’activité des personnes handicapées reste faible, et elles connaissent des difficultés structurelles d’accès à l’emploi.
Quand elles y accèdent, les conditions sont souvent moins favorables que celles de la population active globale (temps partiel, carrière en dents de scie, inaptitude…). Lorsqu’elles sont au chômage, elles y restent durablement, sans perspective de retour sur le marché du travail. En outre, on constate une tendance au retrait progressif du monde du travail chez certaines personnes qui considèrent qu’elles n’ont quasiment aucune chance de trouver un emploi. Certains économistes parlent de « chômeurs découragés » et les acteurs de Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), de personnes « privées d’emploi ».
Un éloignement systémique de l’emploi
Enfin, cumuler un handicap et des facteurs de fragilité, par exemple un faible niveau de qualification, un âge élevé ou des carrières hachées ou interrompues, entraîne un éloignement systémique de l’emploi. Ainsi, les préjugés et les représentations négatives du handicap perdurent.
Les résultats du dernier baromètre réalisé fin 2021 par l’Agefiph avec l’IFOP illustrent bien cette situation défavorable : une majorité (74 %) des employeurs interrogés considèrent encore que l’embauche de travailleurs en situation de handicap est difficile, eu égard à la nature des postes proposés, et ce nombre est encore plus important dans l’industrie (86 %), ce qui est particulièrement préoccupant au vu du profil socioprofessionnel des travailleurs en situation de handicap.
En outre, 60 % des employeurs voient en eux une charge supplémentaire dans l’organisation de l’entreprise. Pour rappel, le handicap est le premier motif de saisine de la Défenseure des droits et 49 % des saisines sur le handicap concernent l’emploi. Alors, « à quand l’emploi pour les personnes handicapées qui en sont exclues ? » C’est la question que posent, aujourd’hui, nos associations.
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