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En Ukraine, une économie de plus en plus arrimée à l’Union européenne

En Ukraine, une économie de plus en plus arrimée à l’Union européenne



Valeriy Krupko est au volant de sa voiture allemande, sur une route enneigée de l’ouest de l’Ukraine, direction la Pologne. Ancien directeur d’un terminal portuaire à Kherson, une ville portuaire du sud du pays, il se souvient des jours passés à observer les navires venant du monde entier, jusqu’à la fermeture du terminal en février 2022, au début de la guerre.

Maintenant, Valeriy a un nouveau terminal à Mostyska, près de la frontière polonaise. Comme un symbole de la transformation de l’économie ukrainienne, ce terminal est éloigné de la mer et des porte-conteneurs, et est planté au milieu d’un paysage de neige et d’arbres décharnés.

Dans le pays en guerre, les nouvelles routes commerciales terrestres mènent toutes vers l’Union européenne (UE). Depuis la fermeture de nombreux ports sur la mer Noire et celle des frontières avec la Russie et la Biélorussie, l’Ukraine se retrouve plus arrimée à l’économie européenne. Ainsi, 53,6 % de ses exportations ont pris la direction de l’UE en 2022, contre seulement 39,1 % en 2021. Après avoir chuté au début du conflit, les exportations vers l’Union se sont même spectaculairement redressées à leur niveau d’avant-guerre, aux alentours de 2,5 milliards d’euros, alors qu’elles ont, dans l’ensemble, diminué de 35 % cette même année.

Ce changement a été facilité par Bruxelles, qui a suspendu, en juin 2022, tous ses droits d’importation en provenance de l’Ukraine ainsi que toutes les mesures antidumping portant sur l’acier du pays. Cet afflux sans précédent de denrées agricoles ne passe pas inaperçu. En mars, les chefs d’État de cinq pays d’Europe de l’Est, dont la Pologne, la Roumanie et la Hongrie, ont demandé l’aide de Bruxelles pour soutenir leurs agriculteurs, qui subissent, selon eux, des importations en provenance d’Ukraine en augmentation record, notamment de céréales, d’oléagineux, d’œufs et de volailles. Kiev a également annoncé, début avril, la suspension temporaire de la vente de céréales et d’oléagineux en Pologne.

Valeriy Krupko grimpe les escaliers de son silo avec la même fougue qu’un général se hissant au sommet d’une citadelle. Il montre à l’horizon sa nouvelle terre de conquête, l’Europe. « Il y aura ici des conteneurs et des silos pouvant contenir des grains, des liquides comme de l’huile, et là-bas des entrepôts pour les semences ou les engrais. Bref, toutes les marchandises pourront être stockées ici », dit-il en souriant. Au pied des silos flambant neufs qui brillent au soleil, des ouvriers serrent les derniers boulons sur des rails construits avec les deux écartements, ukrainien et européen, pour pouvoir accueillir les trains des deux côtés de la frontière.

Les nouvelles routes terrestres commerciales de l’Ukraine vers l’UE ont non seulement bouleversé l’économie de l’Ukraine, mais aussi celles de ses voisins. Toutefois, l’UE a la possibilité de développer de nouveaux partenariats économiques avec l’Ukraine et de renforcer les liens commerciaux dans les années à venir.

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