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En Tunisie, un site d’information poursuivi pour avoir critiqué la cheffe du gouvernement

En Tunisie, un site d’information poursuivi pour avoir critiqué la cheffe du gouvernement


La cheffe du gouvernement tunisien Najla Bouden à la COP27 à Charm El-Cheikh, en Egypte, le 8 novembre 2022.

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a dénoncé mardi 15 novembre une volonté « d’intimider les médias » après les poursuites engagées par une ministre contre un site d’information ayant critiqué la cheffe du gouvernement, Najla Bouden. Jeudi 10 novembre, le site d’information tunisien Business News avait publié un article intitulé « Najla Bouden, la gentille woman » sur son bilan.

La cheffe du gouvernement « en poste à la Kasbah depuis le 11 octobre 2021 (…) n’a rien réalisé en treize mois d’exercice » durant lesquels la situation socio-économique s’est dégradée avec un gouvernement qui « n’a cessé de mettre des bâtons dans les roues du tissu économique », précisait l’article.

En vertu d’un décret présidentiel critiqué comme « répressif » par des ONG locales et internationales, la ministre de la justice, Leila Jaffel, a déposé vendredi au tribunal de première instance de Tunis une plainte contre Business News pour « diffamation », « allégations mensongères contre un fonctionnaire public et outrage contre la cheffe du gouvernement ».

Le décret 54

Il s’agit du premier média poursuivi depuis la promulgation le 16 septembre par le président Kaïs Saïed du décret 54, vivement critiqué par la société civile. Ce texte prévoit cinq ans de prison et une lourde amende pour toute personne « qui utilise délibérément les réseaux de communication et les systèmes d’information pour produire, promouvoir, publier ou envoyer des fausses informations ou des rumeurs mensongères ». La peine est « doublée » si ces « fausses informations » visent des responsables de l’Etat, selon le décret.

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Contacté par l’AFP, le service de communication du ministère de la justice n’était pas en mesure de donner d’informations sur cette affaire. Lundi, le directeur de ce site, Nizar Bahlou, a été convoqué et entendu par la brigade anticriminelle à Tunis, a-t-il indiqué à l’AFP. Les questions portaient sur le contenu de l’article et les termes utilisés, a ajouté MBahloul, précisant qu’il ignorait si l’affaire avait été classée ou pas.

« Il n’y a aucune diffamation dans l’article de Business News et le recours à la justice prouve la volonté des autorités d’intimider les médias et les journalistes pour les faire taire », a déclaré à l’AFP la vice-présidente du SNJT, Amira Mohamed. « Nous dénonçons ce genre de pratiques répressives en vertu d’un texte liberticide », a-t-elle ajouté.

Plusieurs ONG locales et internationales ont déploré un « recul » des libertés en Tunisie depuis que le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, faisant vaciller la démocratie dans le pays dont étaient parties les révoltes des « printemps arabes » en 2011.

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Le Monde avec AFP

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