Au cœur d’une zone euro toujours plus chahutée, la France conforte sa place de bonne élève sur le front de l’inflation. L’indice des prix à la consommation a enregistré un léger repli en septembre, pour le deuxième mois consécutif. Sur un an, il s’établit à 5,6 % après 5,9 % en août et 6,1 % en juillet, selon les données provisoires publiées vendredi 30 septembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). L’indice harmonisé, qui permet les comparaisons européennes, s’établit lui à 6,2 % en septembre, après 6,6 % en août, soit le plus bas niveau de la zone euro.
Ce repli s’explique par le ralentissement des prix de l’énergie (le pétrole, qui a atteint 120 dollars le baril au printemps, est retombé à moins de 90 dollars en septembre) et par l’effet du bouclier tarifaire mis en œuvre en France. Moyennant un coût budgétaire de 24 milliards d’euros, ce dispositif permet de réduire l’inflation d’environ deux points, selon les estimations de l’Insee.
L’alimentation, locomotive de la hausse
« On ne peut pas parler d’inversement de tendance, mais plutôt d’un reflux temporaire », tempère Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Le pic d’inflation n’est, a priori, pas passé, il est plutôt attendu pour début 2023 avec une hausse des prix supérieure à 6 % qui va progressivement diminuer pour se situer aux alentours de 4 % en fin d’année. »
Les pris des produits frais font un bond spectaculaire, passant d’un rythme de 3,5 % de hausse en août à 11 % en septembre
La Banque de France, dans une note également publiée vendredi, relève que ce phénomène est désormais « plus interne » et « plus large » qu’il y a quelques mois. Autrement dit, l’inflation importée liée aux prix de l’énergie se diffuse désormais dans tous les secteurs de l’économie.
A commencer par l’alimentation, devenue la locomotive de la hausse en France. « L’augmentation y atteint quasiment 10 % sur un an. C’est le premier poste de consommation à contribuer à l’inflation », constate Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee. Les prix des produits frais font un bond spectaculaire, passant d’un rythme de 3,5 % de hausse en août à 11 % en septembre.
De son côté, le cabinet Asterès n’exclut pas, pour les mois à venir, un regain de tension des prix de l’énergie et souligne l’augmentation « des prix de production dans l’industrie » qui affichent une hausse de 25 % en moyenne sur un an. Et c’est sans compter la sortie progressive du bouclier tarifaire qui conduira à une hausse de 15 % du prix du gaz et de l’électricité pour les consommateurs début 2023.