La photo de famille des leaders du monde en réunion annuelle pour plancher sur le climat sous les auspices de l’ONU est prévue lundi 7 novembre, à Charm El-Cheikh. C’est un exercice classique, mais il prend en Egypte une autre saveur : la COP27 doit illustrer le rôle international du pays, que les médias officiels mettent en avant depuis des semaines. Le cliché est bienvenu alors que le pays s’enfonce dans une crise économique, attisant l’inquiétude et le mécontentement.
Le président Abdel Fattah Al-Sissi sera entouré d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement, selon Le Caire. Au soulagement des autorités, le nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak est revenu sur sa décision de ne pas faire le voyage ; cela aurait été perçu comme un boycott, alors que le roi Charles III ne viendra pas. Emmanuel Macron sera présent. Le président américain Joe Biden, lui, arrivera le 11 novembre.
L’ex-maréchal Sissi, qui dirige l’Egypte d’une main de fer, s’est personnellement investi dans la préparation de cette COP, en visitant diverses capitales, en amont du sommet. L’Egypte ambitionne de renforcer sa carrure de médiateur – un rôle qu’elle joue sur la scène régionale, sans la même influence qu’autrefois. A la COP, elle représentera les voix de l’Afrique et posera comme priorité l’obtention d’avancées sur les réparations financières du Nord vers le Sud, en compensation des dégâts du réchauffement climatique causés par les pays industrialisés.
Les autorités, agacées que les médias internationaux se focalisent sur les violations des droits humains, entendent aussi remporter la mise en termes d’image. « Le message adressé sur la scène interne est que l’Egypte est une puissance dont les dirigeants reçoivent l’appui des grands acteurs internationaux. En direction de l’étranger, le régime veut montrer qu’il continue d’incarner la stabilité, tout en présentant une belle image du pays, avec ses sites touristiques et ses règles environnementales adoptées à Charm El-Cheikh… », analyse Mustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire.
Manifestations interdites
A vrai dire, le pouvoir de Sissi n’a pas à craindre que ses liens se distendent avec ses alliés occidentaux, qui expriment un soutien public et font le choix, sur la question des prisonniers politiques, de la « diplomatie privée ». Le pays est notamment un bon client de l’industrie d’armement française. Sur fond de crise de l’énergie liée à la guerre en Ukraine, l’Union européenne mise sur le rôle croissant de hub gazier de l’Egypte. Elle a aussi signé, dimanche 31 octobre, avec Le Caire, un accord pour un « programme de gestion des frontières » – terme pudique pour désigner la lutte contre une immigration dont Bruxelles ne veut pas, alors que le nombre des départs clandestins d’Egyptiens depuis la Libye voisine est en hausse.
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