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En Allemagne, le projet d’implantation d’une usine de batteries Northvolt sur la sellette

En Allemagne, le projet d’implantation d’une usine de batteries Northvolt sur la sellette


Planté sur la lande du Schleswig-Holstein, à quelques kilomètres de la côte de la mer du Nord, Heide est un de ces bourgs typiques du Land le plus septentrional d’Allemagne : une commune rurale, balayée par les vents marins, où l’industrie se fait rare.

Depuis quelques mois, pourtant, Heide est au cœur d’une bataille devenue quasi existentielle pour le « made in Germany » : le groupe suédois Northvolt, qui envisageait d’implanter à Heide une immense usine de batteries pour automobiles, pourrait reporter ce projet au profit des Etats-Unis… notamment en raison des coûts trop élevés de l’électricité outre-Rhin.

Un renoncement à Heide donnerait un signal catastrophique au site industriel allemand. Il y a un an, en mars 2022, Berlin et la région du Schleswig-Holstein avaient célébré l’annonce de l’implantation de Northvolt dans la région, qui promettait un investissement de 4,5 milliards d’euros et la création de 3 000 emplois.

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Le ministre de l’économie et du climat, l’écologiste Robert Habeck, s’était particulièrement réjoui : natif du Schleswig-Holstein où il a été ministre régional, il a beaucoup contribué à rendre la région autonome en énergie verte en développant un ambitieux programme éolien. C’est l’abondance locale d’électricité renouvelable qui avait convaincu Northvolt de s’installer à Heide. Ainsi se concrétisait la vision de l’écologiste « réalo » Robert Habeck : il est possible de conjuguer industrie et neutralité carbone.

Intenses négociations

Las ! Quelques mois plus tard, le patron de Northvolt, le Suédois Peter Carlsson, a douché les espoirs d’une ouverture rapide de l’usine de Heide. Dans les colonnes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, en octobre, le fondateur de 52 ans, ancien de Tesla, expliquait que le projet d’usine tant espéré subissait désormais des vents contraires. Le programme Inflation Reduction Act (IRA), qui subventionne massivement les projets consacrés aux technologies décarbonées produites aux Etats-Unis, a rebattu les cartes, de même que la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.

« Avec les prix actuels de l’électricité, nous considérons que la rentabilité des projets à forte consommation d’énergie en Allemagne est menacée », déclarait M. Carlsson. « Nous voulons continuer à être un champion européen et un leader du marché. Mais nous en sommes maintenant à un point où il est possible que nous donnions d’abord la priorité à l’expansion aux Etats-Unis par rapport à l’Europe. »

Ces déclarations ont glacé Berlin et déclenché une phase d’intenses négociations entre le groupe suédois et les autorités allemandes et européennes, qui n’est pas encore terminée. Mais aucune décision n’a été prise, confirme au Monde le groupe Northvolt, qui espère que le dossier sera tranché « dans le courant de l’année ». Concrètement, il s’agit de savoir dans quelle mesure le groupe suédois peut bénéficier de la réponse européenne aux très attractives subventions américaines, et surtout dans quel délai. Robert Habeck continue de soutenir l’investissement de Heide de tout son poids : il s’est rendu personnellement au centre de recherche de Northvolt, à Västeras, en Suède, au mois de février 2023. « Nous continuons à travailler sur le projet Heide », a déclaré Peter Carlsson à l’issue de la visite.

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Heide, petit village situé dans le Schleswig-Holstein, au nord de l’Allemagne, est confronté à une crise qui pourrait être sans précédent pour le secteur industriel allemand. En effet, le groupe suédois Northvolt avait annoncé sa volonté d’y installer une usine de batteries pour automobiles, projet qui devait créer près de 3 000 emplois et entraîner un investissement d’environ 4,5 milliards d’euros. Pourtant, Northvolt semble désormais prêt à abandonner ce projet. Si le groupe renonçait à Heide, cela pourrait être perçu comme un échec majeur pour l’industrie

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