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Des milliers de Tunisiens manifestent contre la vie chère et le président, Kaïs Saïed

Des milliers de Tunisiens manifestent contre la vie chère et le président, Kaïs Saïed


Des manifestants lors de la journée de mobilisation contre le président, Kaïs Saïed, avenue Habib-Bourguiba, à Tunis, le 15 octobre 2022.

La colère gronde sur fond de larges pénuries et de forte inflation. Des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi 15 octobre à Tunis pour dénoncer les politiques du président de la République, Kaïs Saïed, au pouvoir depuis 2019, qu’ils accusent d’être responsable de la grave crise économique qui touche le pays.

Menés par le Front de salut national, une coalition formée par les partis d’opposition, dont le parti islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président. « Va-t’en, va-t’en », « révolte contre Kaïs le dictateur », « le peuple veut limoger le président », ont scandé les protestataires.

L’inflation a atteint près de 9 % sur un an

La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100 % de son PIB et incapable d’emprunter sur les marchés internationaux, est actuellement en négociation avec le Fonds monétaire international pour un prêt d’environ 2 milliards de dollars (2 milliards d’euros).

Cette crise financière s’est traduite ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café, par exemple) dans un contexte d’inflation galopante, alors que cette dernière a atteint près de 9 % en août, sur un an.

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Les difficultés du pays, en dégringolade économique depuis dix ans, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine, qui renchérit les importations de céréales et d’hydrocarbures, dont elle est très dépendante.

Foyer du déclenchement des printemps arabes en 2011, la Tunisie est également engluée dans une grave crise politique depuis le coup de force du président, Kaïs Saïed, qui s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021 et qui a porté une réforme constitutionnelle pour les renforcer, adoptée sans ferveur par référendum à l’été 2022.

« Cette manifestation reflète la colère face à la situation en Tunisie sous Kaïs Saïed et appelle à son départ », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’ancien premier ministre Ali Larayedh, vice-président d’Ennahdha. « Si le pouvoir politique actuel persiste, il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse », a-t-il ajouté.

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Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d’opposition anti-islamiste. Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d’achat.

Environ 1 500 personnes ont pris part à la manifestation organisée par le Front de salut national, alors que celle menée par le PDL a rassemblé près de 1 000 manifestants, a précisé à l’AFP le ministère de l’intérieur tunisien.

Fortes perturbations d’approvisionnement en carburants

Le pays connaît par ailleurs depuis plusieurs semaines de fortes perturbations de la distribution de carburants. Des files d’attente, atteignant des centaines de mètres de long, se sont formées jeudi devant plusieurs stations-service de Tunis, ont constaté jeudi des journalistes de l’AFP.

L’approvisionnement des stations se poursuit « de manière normale », ont toutefois affirmé les autorités, imputant les perturbations à une « ruée » des automobilistes qui remplissent inhabituellement leurs réservoirs.

« Il est vrai qu’il y a des problèmes d’approvisionnement par bateau… mais le produit est disponible », a déclaré la ministre de l’énergie, Neila Nouira Gongi, en évoquant des « difficultés financières » des sociétés publiques pour payer les importations de carburant. « Avant, les fournisseurs nous donnaient un mois ou deux pour régler nos factures, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les fournisseurs ne déchargent pas leur cargaison tant que les précédentes n’ont pas été payées », a-t-elle expliqué.

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Le Monde avec AFP



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