L’assemblée générale d’Engie était un événement très attendu par certains investisseurs qui souhaitaient mesurer l’influence qu’ils pouvaient avoir sur la stratégie climatique de l’entreprise. Bien que le résultat n’ait pas été complet, les promoteurs d’une plus grande transparence environnementale considèrent l’expérience comme concluante.
Le 26 avril dernier, la majorité des investisseurs d’Engie ont rejeté à plus de 75 % la résolution déposée par seize actionnaires représentant 1,9 % du capital. Cette résolution visait à inscrire dans les statuts de l’entreprise un vote tous les trois ans sur le plan climatique du groupe et un autre vote tous les ans sur les progrès de sa mise en œuvre. Si l’on exclut le vote de l’Agence des participations de l’État (APE) représentant 23 % du capital d’Engie et 33 % des droits de vote, le rejet n’a été moins fort que prévu. L’État actionnaire s’était aligné sur les recommandations du conseil d’administration d’Engie, qui avait appelé à voter contre cette résolution.
La réaction du responsable plaidoyer de l’ONG Reclaim Finance, Antoine Laurent, a été positive : « Si l’on retire l’APE, on peut considérer que près de 30 % des actionnaires privés ont soutenu cette résolution. C’est un bon signal qui montre que les investisseurs sont en faveur d’une généralisation du ‘Say on Climate’ [vote consultatif des actionnaires sur la stratégie climatique] ».
Le taux d’abstention est également à prendre en compte, a souligné Luisa Florez, directrice des recherches en finance responsable chez OFI Invest Asset Management, un gestionnaire d’actifs ayant participé au dépôt de la résolution : « Le taux est bien plus élevé qu’attendu, et la part des actionnaires qui ont soutenu ou se sont abstenus est significative. Un jour, sans doute pas si lointain, ce type de résolution ira au bout. Le seuil est tel que le conseil d’administration ne pourra pas ne pas tenir compte des demandes des actionnaires », a-t-elle ajouté.
La demande des actionnaires a également été prise en compte par Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration d’Engie : « Cette demande a obtenu le soutien d’un certain nombre de nos actionnaires, donc c’est quelque chose dont le conseil tiendra compte dans ses réflexions sur la manière de poursuivre le dialogue sur ces sujets climatiques ». Toutefois, il a jugé prématuré qu’il y ait un vote consultatif chaque année, compte tenu de la complexité des référentiels utilisés en matière d’empreinte carbone.
Globalement, les promoteurs de la transparence environnementale considèrent que l’expérience aura été concluante et qu’elle permettra probablement de futures avancées en matière de stratégie climatique.