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Derrière sa façade dynamique, Toronto souffre d’une grave crise de la santé mentale

Derrière sa façade dynamique, Toronto souffre d’une grave crise de la santé mentale



Toronto, une ville de 3 millions d’habitants, est la deuxième place financière d’Amérique du Nord et le cœur battant de l’économie et de la culture du Canada. Cette ville offre des boutiques branchées, des restaurants étoilés, un pôle universitaire réputé, des start-up florissantes et un festival de cinéma très couru qui attirent les visiteurs du monde entier. Cependant, en flânant dans les rues, une réalité différente se révèle avec des mendiants en fauteuil roulant, des adolescents massés sous les porches d’immeubles pour échapper au froid et des personnes atteintes de maladies mentales criant des propos décousus.

Toronto est confrontée à une crise sanitaire due aux problèmes de santé mentale de sa population, qui a entraîné une vague de violence. En avril 2022, une jeune femme est poussée « gratuitement » sur les rails du métro, quelques mois plus tard, une autre femme est poignardée dans le tramway. Le 25 mars, dans le métro à nouveau, un adolescent de 16 ans a été tué à coups de couteau lors d’une attaque « non provoquée », selon la police. La situation est si grave que le maire, John Tory (conservateur), a lancé un cri d’alarme sur cette « épidémie » qui frappe, après celle du Covid-19, d’autres métropoles nord-américaines, de Chicago à Montréal, d’Atlanta à Vancouver. Le maire avait également demandé la tenue d’un « sommet national sur la santé mentale » au premier ministre, Justin Trudeau, avant d’être contraint à la démission en janvier 2023 à cause d’une liaison extraconjugale dissimulée.

Le vieux bâtiment du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto accueille les délinquants et meurtriers ayant échappé à la prison pour troubles mentaux avérés, il est placé sous haute surveillance. Le psychiatre Sandy Simpson affirme que la pandémie de Covid-19 a aggravé la précarité psychique d’une frange de la population, mais il ajoute que la situation est plus complexe et que ce sont davantage des crimes liés à la pauvreté que des crimes dus à la santé mentale. Le nombre d’habitants ne cesse de croître sans que n’augmente celui des médecins, des infirmières ou des travailleurs sociaux, ce qui laisse des milliers de gens sans ressources ni accès aux soins. Le problème est exacerbé par le manque de logements sociaux, car les personnes vulnérables sont forcées de vivre dans des conditions précaires et se retrouvent livrées à elles-mêmes.

La municipalité a pourtant misé, jusqu’à présent, sur la sécurité, en déployant 80 policiers supplémentaires dans les transports publics pendant l’hiver 2022-2023. Le budget de la police, premier poste financier de la commune, a crû de 48 millions de dollars canadiens (32 millions d’euros) en 2023, au détriment de celui alloué à l’emploi et aux services sociaux, en baisse de 4 millions de dollars, et de celui du service du logement (− 2,5 millions). Cependant, rejetant la responsabilité du manque de ressources financières sur le gouvernement de l’Ontario et sur les autorités fédérales, chargés du domaine de la santé, la municipalité a ignoré les besoins fondamentaux des plus vulnérables.

La demande de services psychologiques en Ontario a augmenté de 50 % en 2022, et plus d’un jeune sur deux dans la province dit souffrir d’un trouble mental. Des mesures doivent être prises pour résoudre ce problème de santé mentale croissant, telles que l’augmentation des services de santé mentale, la construction de logements sociaux et l’augmentation du nombre de médecins et de travailleurs sociaux dans les zones les plus touchées. Le Canada doit également tenir compte de la situation difficile de ses villes les plus vulnérables et mettre en place des politiques sociales adaptées pour soutenir tous les membres de sa société, quel que soit leur code postal.

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