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De retour avec du Nelly Arcan

De retour avec du Nelly Arcan


« Cela m’a impressionné comment sa parole et son discours restent toujours aussi pertinents ». Voilà comment Marie Brassard décrit l’œuvre de l’écrivaine Nelly Arcan qui fait l’objet de la pièce La fureur de ce que je pense, qui sera rejouée à l’Espace Go, près de dix ans après sa première mouture en 2013. 

« Nelly souffrait beaucoup de la peur de vieillir et de la hantise de la perfection du corps, ajoute-t-elle en entrevue téléphonique. Cela n’a pas changé tant que ça dans notre société. Quand j’ouvre mon ordi le matin, je vois ces photos d’actrices de 50 ans en bikini afin de montrer qu’elles sont encore attirantes. Je n’en reviens pas. Cela me fâche. On est bombardé par cette idée du corps et de la perfection. C’est inatteignable. »

Celle qui assure de nouveau la mise en scène a beaucoup d’admiration pour cette célèbre créatrice qui s’est enlevé la vie à Montréal en 2009.

« Elle a une intelligence gigantesque, confie-t-elle. Elle était mésadaptée. Malheureusement, parce qu’elle était blonde, avec une allure d’une femme “bimbo”, elle n’était pas prise au sérieux. »

Du rythme

Cette proposition sera très similaire à la production qui avait connu beaucoup de succès lors de son lancement en 2013 et sa reprise en 2017. On retrouve plusieurs actrices qui étaient là à l’origine, dont Christine Beaulieu, Evelyne de la Chenelière, Julie Le Breton et Sophie Cadieux, qui avait eu l’idée de créer ce spectacle.

« Je n’ai pas été tenté de faire des changements marqués, explique Marie Brassard. Ce qui est intéressant, c’est que ces comédiennes sont de la même génération que Nelly. Elles sont dix ans plus âgées qu’à l’époque. Elles ont gagné en expérience de vie. »

« C’est un beau cadeau de refaire ce spectacle. À la base, ces actrices ne se connaissaient pas vraiment, mais elles sont devenues de grandes amies. C’est un énorme plaisir de travailler avec ce groupe si chaleureux. On rit beaucoup. »

Pas du tout une biographie ou un récit, cette production présente un collage de certains des écrits de la romancière, qui se transposent en sept courtes parties.

La solitude et de la souffrance, la foi et la folie, le pouvoir d’attraction et de la mort, ainsi que l’image et le corps sont notamment abordés dans ces tableaux.

Des acquis fragiles

Marie Brassard précise que le but du spectacle est de mettre en lumière l’écriture de Nelly Arcan. « C’est l’intelligence qui transpire dans son œuvre, croit-elle. C’est la profondeur de la pensée et la manière de la présenter. »

Malgré des progrès en matière d’égalité et l’émergence de mouvement comme #MoiAussi, celle qui a beaucoup travaillé avec Robert Lepage estime que cette proposition demeure aussi nécessaire qu’il y a dix ans.

« Les acquis sont toujours fragiles, constate-t-elle. Par exemple, avec le droit à l’avortement qui est remis en question aux États-Unis. Il faut constamment rester aux aguets. On doit revendiquer sinon il peut y avoir des retournements de situations brutaux et rapides. »

La fureur de ce que je pense est présentée du 8 novembre au 3 décembre à l’Espace Go.



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