La liberté d’expression continue de se retreindre sur l’Internet chinois. ByteDance a dévoilé de nouvelles règles décrivant les contenus acceptables ou non sur Douyin, le jumeau chinois de TikTok. Un nouveau règlement entré en vigueur il y a plusieurs mois, mais repéré seulement ce 3 janvier par le groupe IPVM et relayé en France par Numerama.
Les vidéos LGBTQ+ bannies
Dans une note publiée sur son forum développeur, ByteDance précise les nouvelles règles à compter du 8 octobre 2022 sur son application Douyin. Pour rappel, Douyin est le clone chinois de TikTok, une version similaire de l’app adaptée à l’Internet centralisé du pays où tous les contenus ne sont pas acceptés. Dans le pays, ce serait environ 600 millions d’utilisateurs qui utiliseraient régulièrement le réseau social. Une nouvelle version de la liste noire des sujets qu’il est interdit d’évoquer en vidéo sur Douyin a été dévoilée.
Parmi les thématiques interdites, les opinions “malsaines et non conventionnelles sur le mariage, contraires à la moralité sociale”, sont désormais bannies de l’application. Des termes repris in extenso d’une loi promulguée par le gouvernement chinois, selon IPVM. Bien que très vague, cette formulation est utilisée pour interdire les contenus faisant référence à la communauté LGBTQ+ (les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles). Ainsi, un influenceur a essayé de poster une vidéo d’un ami masculin sur le point de l’embrasser, mais la vidéo a été supprimée pour “non-respect des règles communautaires [de Douyin]” en raison d’une “implication possible dans la promotion de points de vue non traditionnels sur le mariage et l’amour”.
Ne pas attenter à l’image du Parti communiste
Mais la censure chinoise ne s’arrête pas à l’amour. Depuis l’entrée en application des nouvelles règles, il est interdit de poster une vidéo qui “divise le pays et nuit à son image”, qui critique “ou atteinte à l’image de l’armée populaire, de la sécurité de l’État, de la police, de l’administration, de la justice et d’autres fonctionnaires de l’État et membres du Parti communiste”, qui déforme et dégrade “les traditions culturelles nationales ou viole les politiques religieuses nationales” ou encore qui “enfreint les réglementations nationales et les normes sociales et morales pertinentes”, notamment.
Une véritable censure au profit de Pékin qui s’exercera en plusieurs étapes : la suppression de la vidéo incriminée, la restriction des recherches sur l’application, la réduction de la visibilité des vidéos publiées (sur des sujets autorisés) ou encore la restriction du retrait de l’argent généré par le créateur.