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Comment la France mise sur l’éolien flottant pour produire son électricité

Comment la France mise sur l’éolien flottant pour produire son électricité


Il y a longtemps que la darse de Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) adossée à l’étang du Caban, en face de Fos-sur-Mer, n’avait pas connu pareille fébrilité. Derrière les hangars, une bonne centaine d’ouvriers d’Eiffage Métal se prépare à réaliser une première mondiale : la construction de trois éoliennes flottantes à lignes tendues, pour le compte d’EDF Renouvelables. Un projet pilote à 300 millions d’euros.

Cet été, à l’aide d’une grue herculéenne, ils ont réalisé des tonneaux qui, vu leur taille, pourraient faire office de réservoir de château d’eau – 7,50 mètres de diamètre et 12 mètres de haut chacun : les futurs flotteurs de ces moulins du futur. Les équipes découpent, assemblent et soudent maintenant de longs tubes d’acier entre ces bouées. Le but : former un tripode culminant à 45 mètres, sur lequel seront boulonnés le mât de l’éolienne proprement (90 mètres), la nacelle qui abritera la turbine de 8,4 mégawatts et les pales (75 mètres d’envergure chacune). En gris, tout ce qui sera immergé, en jaune ce qui apparaîtra au-dessus de l’eau.

A l’été 2023, les trois géants – 2 500 tonnes pièce –, prendront la mer l’un derrière l’autre, en passant devant la célèbre plage Napoléon. A 17 kilomètres au large, ils seront attachés par 100 mètres de fond, grâce à des ancres à succion. « La transition énergétique est une urgence et l’éolien flottant est un nouveau moyen de produire une électricité décarbonée. Comme la France possède le plus grand linéaire de côtes européen, il est particulièrement adapté », explique Christine de Jouëtte, directrice de la ferme Provence Grand Large, d’EDF Renouvelables.

Rattraper le retard

Habitée par un esprit « pionnier », l’ingénieure en hydrodynamique se félicite de jouir d’un site « extraordinaire ». « C’est l’un des plus ventés de Méditerranée, avec un mistral et une tramontane soufflant à 10 mètres par seconde en moyenne, un fond marin suffisamment meuble pour s’y fixer sans difficulté, et la proximité d’infrastructures portuaires adéquates pour fabriquer les flotteurs, les stocker et les mettre à l’eau », souligne-t-elle.

Tous les acteurs de l’éolien en mer l’affirment : « La France a loupé le coche de l’éolien posé, il ne s’agirait pas de rater celui du flottant ! » Un procédé qui n’a rien à voir avec les éoliennes offshore classiques comme celles inaugurées en septembre en face de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Trois premiers projets commerciaux ont été mis en concurrence en mars 2022, pour une puissance installée totale de 750 mégawatts répartie entre Belle-Ile (Morbihan), Port-la-Nouvelle (Aude) et probablement Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Une dizaine de candidats ont été présélectionnés en août. Les marchés seront attribués en 2023, pour des mises en service prévues à partir de 2027.

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