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Colette Kreder, pionnière de la parité en France, est morte

Colette Kreder, pionnière de la parité en France, est morte


Colette Kreber.

Colette Kreder, militante féministe, cofondatrice du mouvement Demain la parité et de l’association Femmes et sciences, est décédée le 14 octobre à Puteaux (Hauts-de-Seine), à l’âge de 88 ans, a annoncé sa famille. Elle avait contribué à imposer la parité dans le monde politique.

Née le 31 mars 1934 à Commer (Mayenne), d’un père maréchal-ferrant et d’une mère commerçante, elle choisit de devenir ingénieure et sort diplômée de l’Ecole polytechnique féminine (EPF) en 1957. Elle est recrutée par le ministère de l’air (défense), où elle est chargée de la recherche sur les composants électroniques jusqu’en 1964. Elle devient alors ingénieure-conseil dans l’entreprise Lignes télégraphiques et téléphoniques (LTT) jusqu’en 1979 et crée ensuite sa société, la Soredi. En 1980, elle prend la direction de l’EPF, qu’elle transforme complètement et hisse au niveau international, avant de mener cette grande école à la mixité à la fin de son mandat, en 1994.

A la fin des années 1980, Colette Kreder entre au Conseil national des femmes françaises (CNFF) et y milite pour faire entrer l’égalité hommes-femmes dans le domaine politique. En 1992, elle fonde l’association Action pour la parité, avec la députée et sociologue Françoise Gaspard et la journaliste Claude Servan-Schreiber.

Première étude chiffrée

La même année, elle coorganise avec Françoise Gaspard une rencontre à l’Assemblée nationale, pour diffuser la charte adoptée à Athènes, à l’issue du sommet européen Femmes et pouvoir, et où figure l’exigence de parité dans les lieux de décision. Une cinquantaine d’associations sont présentes. Selon l’historienne américaine Joan Scott, « jamais depuis la Libération » ces organisations féministes « n’avaient eu l’occasion de se rencontrer de la sorte » et « se sont retrouvées sur le thème de la démocratie paritaire ».

En 1993, Colette Kreder est à l’origine, avec Françoise Gaspard et Claude Servan-Schreiber, de la première étude sur la présence des femmes dans la compétition électorale. Elle rend publique la faible proportion de candidates au premier tour des élections législatives, le 21 mars 1993 : 1 015 femmes, sur un total de 5 169 candidats, soit 19,6 %. Un pourcentage qui est même loin d’être atteint dans les partis dits de gouvernement.

Ces statistiques font l’ouverture du journal télévisé le soir même et font l’objet d’articles dans la presse. Cette étude, ainsi que les résultats du scrutin entraînent la mobilisation d’associations féministes, car, avec 5,6 % de femmes élues députées en 1993, la France est alors avant-dernière en Europe, juste devant la Grèce. Le mot « parité » fait son entrée dans le débat public et devient synonyme, dans la presse, d’égalité hommes-femmes dans les assemblées élues.

En 1994, Colette Kreder cofonde avec Françoise Gaspard et Claude Servan-Schreiber le réseau Demain la parité, qui regroupe plusieurs organisations féministes (l’Association française des femmes diplômées des universités, Elles aussi, l’Union féminine civique et sociale, l’Union professionnelle féminine, etc.).

Une composante incontournable

L’année suivante, elle impose pour la première fois le thème de la parité dans une élection présidentielle. Le 7 avril 1995, elle coorganise au Palais des congrès, à Paris, la journée « Présidentielle : les femmes entrent en campagne », pour interpeller les principaux candidats. Quelque 1 600 représentantes d’associations féminines et 70 journalistes du monde entier y entendent les candidats Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel Jospin répondre aux questions des militantes. Celles-ci portent notamment sur une révision constitutionnelle et sur la nécessité de lois destinées à introduire l’obligation de parité sur les listes électorales.

Après l’adoption de la loi du 6 juin 2000 sur l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives, Colette Kreder poursuit son action en publiant les statistiques sexuées des ordres nationaux du Mérite et de la Légion d’honneur. En 2007, à la parution de la promotion du 14-Juillet de la Légion d’honneur, elle interpelle le président de la République, Nicolas Sarkozy, en montrant la faible part des femmes (23,31 %) nommées et promues, alors que le chef de l’Etat s’était engagé, durant la campagne électorale, à promouvoir la parité.

En 2008, la promotion de la Légion d’honneur de janvier accède enfin à la parité (49,7 % de femmes). Depuis lors, la parité est une composante incontournable de chaque promotion. Au fil des ans, elle s’est aussi imposée dans la composition de chaque gouvernement.

En 2000, Colette Kreder avait par ailleurs cocréé Femmes et sciences, association qui incite les filles à s’engager dans les formations scientifiques et techniques, favorise la promotion des femmes engagées dans ces carrières et améliore la visibilité des femmes scientifiques. Au titre de ses actions en faveur de l’égalité hommes-femmes, Colette Kreder avait été élevée au grade de commandeur dans l’ordre national du Mérite en 2007 et commandeur de la Légion d’honneur en 2009.

Colette Kreder en quelques dates

31 mars 1934 Naissance à Commer (Mayenne)

1957 Diplômée de l’Ecole polytechnique féminine (EPF)

1980 Prend la direction de l’EPF

1992 Fonde l’association Action pour la parité

2000 Crée l’association Femmes et sciences

2009 Commandeur de la Légion d’honneur

14 octobre 2022 Mort à Puteaux (Hauts-de-Seine)

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