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Charlotte Bilbault, la sentinelle des Bleues

Charlotte Bilbault, la sentinelle des Bleues


La milieu de terrain française Charlotte Bilbault (à gauche) affronte l’attaquante néerlandaise Anna Miedema lors du quart de finale de l’Euro 2022 contre les Pays-Bas, au New York Stadium, à Rotherham (Angleterre), le 23 juillet 2022.

Il n’y a pas si longtemps, elle était classée au rang de « second couteau » des Bleues. Aujourd’hui, c’est parmi les lames affûtées de l’équipe de France féminine de football qu’il convient de la ranger. Charlotte Bilbault en a encore apporté la démonstration depuis le début de l’Euro en Angleterre (du 6 au 31 juillet).

A 32 ans, la native de Saint-Doulchard (Cher) découvre tardivement le plus haut niveau dans la peau d’une titulaire. Mais elle est l’une des trois joueuses de champ – avec Wendie Renard et Kadidiatou Diani – à avoir démarré tous les matchs. Au-delà de cette statistique, elle s’est surtout imposée sur le terrain. Plus exactement en milieu de terrain, où elle évolue dans l’axe, juste devant les défenseuses.

19 ballons récupérés

Avant la demi-finale qui verra les Bleues affronter l’Allemagne mercredi 27 juillet, Charlotte Bilbault totalise 9,50 kilomètres parcourus par match, 19 ballons récupérés – plus que n’importe quelle autre milieu tricolore – et seulement quatre fautes commises en quatre rencontres, autant de données traduisant un gros abattage et une « propreté » dans le jeu.

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Si la joueuse cultive une certaine discrétion hors du terrain, en match, celle qui fait partie des vice-capitaines (avec Aissatou Tounkara et Marion Torrent) donne volontiers du geste et de la voix à l’intention de ses partenaires. « C’est une joueuse très hargneuse, guerrière sur le terrain. Dans la récupération et la relance, c’est un élément important », développe Ella Palis, camarade de jeu de Charlotte Bilbault à Bordeaux ces deux dernières saisons, présente aussi chez les Bleues.

« Quand tu l’as au marquage, tu passes un mauvais moment. Elle est rude sur le contact. C’est une travailleuse de l’ombre, au profil très hargneux », confirme l’ancienne internationale Mélissa Plaza, qui a disputé avec Charlotte Bilbault le Mondial des moins de 20 ans au Chili en 2008, et qui également joué avec elle à Montpellier, entre 2010 et 2014.

« Grand ménage »

Si son ascension a été tardive, c’est que Charlotte Bilbault n’a longtemps pas été dans les petits papiers des différents sélectionneurs. Elle a certes goûté aux joies d’une première cape à 25 ans, en 2015, mais elle ne disputera que sept rencontres en l’espace de trois ans. Un peu plus présente à partir de 2018, elle participera au Mondial 2019 à domicile, mais avec très peu de temps de jeu et en phase de poules uniquement : huit minutes face à la Norvège et une rencontre sans enjeu face au Nigeria, les Bleues étant déjà qualifiées pour les 8es de finale.

C’est le « grand ménage » opéré par la sélectionneuse, Corinne Diacre, après ce Mondial achevé sur une élimination en quarts de finale face aux Etats-Unis, qui l’a mise au centre de l’équipe : la sélectionneuse a écarté plusieurs cadres, à commencer par la milieu de terrain titulaire Amandine Henry, qui avait dénoncé, en novembre 2020, sa façon de gérer l’équipe de France et le climat qui y régnait.

« Je suis en fin de carrière, j’ai envie de profiter du moment présent. On a faim de victoires », Charlotte Bilbault, après le quart de finale face au Pays-Bas (1-0), le 24 juillet

Cette éviction a permis à Charlotte Bilbault, du haut de son 1,69 m, de s’imposer, devenant presque inamovible depuis fin 2019. Et prenant même ponctuellement, le 1er décembre 2020, lors d’un match amical contre le Kazakhstan, le brassard de capitaine jusqu’alors porté par Amandine Henry, qui, ce jour-là, apparaissait pour la dernière fois dans le groupe France.

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Une marque de confiance qui témoigne de l’estime que lui voue la sélectionneuse. « Ce que je sais de Corinne Diacre, c’est qu’elle a toujours aimé les joueuses combatives, qui brillent peut-être un peu moins, mais qui ne lâchent rien et qui répondent présentes dans les duels », témoigne Mélissa Plaza, qui a connu la technicienne en tant qu’adjointe du sélectionneur des Bleus Bruno Bini (entre 2007 et 2013).

« On ne prend pas toujours les meilleures pour pouvoir trouver un équilibre au niveau de l’équipe », expliquait, en avril, Corinne Diacre, attachée aux notions de « dynamique » et « vie de groupe ». « Charlotte est milieu défensive des Bleues, ce n’était peut-être pas vrai par le passé, mais elle a su prouver qu’elle avait les qualités pour répondre à ce poste-là », avait-elle ajouté.

« Aller le plus loin possible »

Charlotte Bilbault, décrite comme « plutôt rigolote » par Mélissa Plaza, entend bien croquer cet Euro à pleines dents et profite de chaque rencontre sous la tunique bleue comme si c’était la dernière. Tout en souhaitant repousser le moment où arrivera cette dernière.

« Personnellement j’ai faim. J’ai 32 ans, je suis en fin de carrière, j’ai envie de profiter du moment présent. Comme le groupe, j’ai envie d’aller le plus loin possible. On en veut encore d’autres, on a faim de victoires », déclarait-elle au lendemain du quart de finale victorieux face au Pays-Bas (1-0), le 24 juillet.

Alors qu’elle sera de retour dans quelques jours dans son ancien club de Montpellier, Charlotte Bilbault se verrait bien, avant de retrouver le championnat de France, ne pas quitter la lumière où l’ont placée ses performances avec les Bleues, et inscrire son nom et celui de ses vingt-deux coéquipières, en haut de l’affiche, le soir du 31 juillet à Wembley.

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Elle l’assure en tout cas, elle est « prête pour le match de mercredi » face à l’Allemagne. Et la Nationalmannschaft der Frauen est prévenue : comme le rappelle Mélissa Plaza, la numéro 14 sur le terrain « ne lâche rien ».

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