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bientôt le coup de sifflet final pour la Divette de Montmartre, le QG des supporteurs des Verts

Pourquoi la France s’accroche à des ilots inhabités ?


La Divette de Montmartre, lors du match France-Honduras de la Coupe du monde 2014.

Paris, dans le 18arrondissement, au 136 rue Marcadet. L’auvent vert de La Divette de Montmartre flotte dans les airs et détonne avec sa devanture rouge vif. Après l’heure du déjeuner, le bar-tabac tenu par Serge et Michèle Vial est désert. Une ambiance à mille lieues de celle qui règne les soirs de match de l’AS Saint-Etienne. Depuis les années 1980, la Divette de Montmartre est le point de rendez-vous des supporteurs des Verts les jours de match.

Une époque bientôt révolue. À la fin de l’année, l’établissement fermera définitivement ses portes. « Nous ne prenons pas la fuite dans les airs, seulement obligés de partir d’ici quatre mois ! Les propriétaires des murs reprennent le lieu afin de construire un immeuble », avait annoncé le patron du commerce sur les réseaux sociaux au mois de juin. Quelques jours après la relégation de l’ASSE en Ligue 2.

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La fin de trente-six ans de service pour Serge et Michèle Vial. À quelques semaines de baisser le rideau, le sentiment des deux époux est partagé. De la déception forcément mais aussi une pointe de soulagement. « Depuis les années 1990, ma clientèle est relativement jeune et j’arrive à un âge où il est difficile de les suivre. Il faut savoir s’arrêter », admet Serge Vial, 69 ans, fier d’inscrire lui-même le point final de l’histoire de La Divette de Montmartre après plus de cent ans d’existence. « Derrière nous, il n’y aura plus rien. Plus de divette, plus de tabac, plus rien. On va passer à autre chose. »

En 1986, quand Serge Vial, Stéphanois d’origine, reprend la main du commerce, il est loin d’imaginer que son bar-tabac deviendrait le repère des fans de l’AS Saint-Etienne. « À la base, je regardais les matchs pour moi et avec le bouche-à-oreille, ça a pris beaucoup d’ampleur », se rappelle le gérant, chemise à fleurs et veste sans manches. À tel point que la popularité de son établissement s’étend au-delà des frontières parisiennes. « J’avais des délégations de Stéphanois en visite à Paris qui venaient au bar », se souvient-il.

Cabinet de curiosités

Des passionnées de football mais pas que. Car La Divette de Montmartre est aussi un cabinet de curiosités. Son propriétaire se décrit lui-même comme un « collectionneur de collection ». Dès l’entrée, le regard est absorbé par la décoration à l’image du club stéphanois. Des dizaines de fanions suspendus derrière le comptoir aux maillots trônant au-dessus de la porte en passant par les écharpes enroulées autour d’un tuyau.

Plus loin, les derniers vestiges du temps lors duquel le bar accueillait des concerts de rock alternatif. Un dessin, grandeur nature, d’Elvis Presley et dans une vitrine un buste, un trio de distributeurs de PEZ, des poupées russes à l’effigie du chanteur de Jailhouse Rock. Des souvenirs ramenés de New-York ou Moscou par des clients.

Avec eux, Serge Vial a su tisser des liens forts. Au moment de regarder dans le rétroviseur, il garde le sentiment du devoir accompli. Derrière son comptoir, le Stéphanois n’offrait pas seulement des moments de divertissement autour d’un verre ou devant un match. Il aimait aussi être une oreille attentive, toujours prêt à conseiller, discuter et rendre service. « Avec ma femme, on a fait du bien autour de nous », se félicite-t-il.

Bientôt, les fans de l’ASSE n’auront plus leur quartier général pour suivre les matchs des Verts. Pour Serge et Michèle Vial, pas question de reprendre la gestion d’un nouveau bar. « Je suis arrivé au bout, je n’ai plus rien à apprendre, je laisse la place aux petits jeunes », lance le tenancier.

En revanche, les deux époux comptent ouvrir un nouveau tabac. Leur point de chute n’est pas encore identifié mais d’ici là, ils comptent bien profiter pleinement de leurs derniers moments à La Divette de Montmartre avant d’en donner le coup de sifflet final.

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