La stagnation va-t-elle déboucher sur une récession en Allemagne ? La question se pose désormais, alors que la croissance de l’économie allemande a été nulle au deuxième trimestre, selon les chiffres publiés, vendredi 29 juillet, par l’Office fédéral des statistiques Destatis. Des quatre plus gros pays de la zone euro, l’Allemagne est la seule dont le produit intérieur brut (PIB) a stagné entre mars et juin, contrairement à la France (+ 0,5 %), à l’Italie (+ 1 %) et à l’Espagne (+ 1,1 %).
Si Destatis a fortement révisé à la hausse la croissance de l’économie allemande au premier trimestre (+ 0,8 % et non + 0,2 %, comme initialement annoncé), les chiffres du deuxième trimestre sont sans appel : dans une zone euro qui a connu une croissance globale de 0,7 %, la stagnation du PIB allemand sur cette période montre à quel point la première économie du continent est aujourd’hui à la peine « dans un contexte économique mondial difficile, avec la pandémie de Covid-19, les chaînes d’approvisionnement perturbées, la hausse des prix et la guerre en Ukraine », observe Destatis dans son communiqué paru vendredi.
Lundi, déjà, la dernière mesure de l’indice du climat des affaires publié par l’Institut économique de Munich (IFO) avait fait l’effet d’une douche froide. Selon ce baromètre qui mesure chaque mois le moral d’environ 9 000 entrepreneurs allemands, celui-ci a reculé de 3,6 points en juin, son plus bas niveau depuis juin 2020, au sortir de la première vague de la pandémie.
« L’humeur s’est complètement retournée »
« Les entreprises s’attendent à ce que les affaires deviennent beaucoup plus difficiles dans les prochains mois. La hausse d’esprit de l’énergie et la menace d’une pénurie de gaz pèsent sur l’économie. L’Allemagne est au bord de la récession », estime Clemens Fuest, le directeur de l’IFO, observant que, de l’industrie aux services en passant par le commerce et la construction, tous les secteurs de l’économie sont gagnés par l’inquiétude. « Même dans le tourisme et l’hôtellerie, où le climat était encore très optimiste récemment, l’humeur s’est complètement retournée », observe M. Fuest.
Pour l’Allemagne, ces chiffres sont d’autant plus préoccupants que c’est le cœur de son modèle économique et industriel, fondé sur des approvisionnements en énergie à bon marché et une forte dépendance aux exportations, qui se trouve bouleversé par la perturbation des chaînes mondiales de sous-traitance et la flambée des prix des matières premières, conséquences directes de la guerre en Ukraine.
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