Dans les pays pauvres frappés par la guerre, les catastrophes climatiques et la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, l’aide internationale risque de manquer. En Afghanistan, où la famine menace près de 23 millions d’habitants, l’appel de l’Organisation des Nations unies (ONU) à lever 4,4 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros) n’a pas été entendu. Seuls 42 % des fonds ont été réunis en septembre.
En Somalie, où près de 213 000 habitants sont en « danger de mort imminent », selon l’ONU, à cause de la famine et de la sécheresse, l’aide humanitaire ne va pas dépasser le milliard de dollars, soit à peine 70 % de ses besoins. Au Soudan, pays qui accueille le plus grand nombre de déplacés sur le continent africain, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a sonné l’« alerte sur l’augmentation des besoins dans un contexte de flambée des prix et de financement humanitaire insuffisant ».
Alors que les pays à bas revenus, dont les deux tiers sont au bord du défaut de paiement, souffrent d’une crise alimentaire, l’irruption de la guerre en Ukraine mobilise une aide publique au développement déjà très sollicitée. « Il est encore trop tôt pour dire si la crise en Ukraine va couper une partie de l’aide destinée à l’Afrique, explique Tom Peyre-Costa, porte-parole du Conseil norvégien pour les réfugiés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, mais sur un continent déjà largement sous-financé, éloigné des ordres du jour politiques et confronté à la lassitude des donateurs, nous ne sommes pas très optimistes. »
Un poste « accueil des réfugiés » en augmentation
Dans un entretien accordé mi-septembre au Financial Times, le milliardaire Bill Gates, cofondateur de la puissante fondation Bill et Melinda Gates, s’est inquiété que la guerre en Ukraine mette à rude épreuve les budgets européens alloués à l’aide internationale. Cette invasion russe « pèse sur les budgets [européens] à cause des dépenses militaires, de l’accueil des réfugiés, des subventions du prix de l’électricité ou des coûts de transport », a-t-il confié au quotidien britannique.
L’accueil des réfugiés est comptabilisé par les pays donateurs dans l’Aide publique au développement (APD). Or l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a calculé que ce poste, qui représentait à lui seul 5,2 % de l’aide déboursée en 2021 devrait bondir à 10,9 % en 2022 en raison de l’afflux de réfugiés ukrainiens. Quelque 7,5 millions sont arrivés sur le sol européen en 2022, alors qu’ils avaient été 1,3 million au plus fort de la crise en Syrie, en 2016.
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