Derrière la façade discrète d’un pavillon de Colombes (Hauts-de-Seine), en région parisienne, un couple et ses enfants profitent de leurs derniers instants de baignade. Ils remballent leurs affaires avec satisfaction, et remercient leur hôte pour ce moment de détente. Il est bientôt 18 heures : dans quelques minutes, un autre groupe doit leur succéder pour un créneau de deux heures.
Pas de temps à perdre : le propriétaire des lieux, Lionel (qui a souhaité garder l’anonymat), 52 ans, jette un robot aspirateur dans son bassin de 8 mètres sur 5, afin d’en retirer les dernières impuretés. Depuis mai, il loue la piscine de son jardin à des particuliers : « Je ne m’arrête plus. En trois mois, j’ai reçu environ quatre-vingt-dix réservations et en ai refusé plusieurs centaines », raconte ce consultant en commerce international.
« Ma clientèle est principalement féminine : des copines qui se retrouvent pour un anniversaire, des enterrements de vie de jeune fille… des familles avec enfants », détaille-t-il. Lionel a découvert la plate-forme en ligne Swimmy qui, à l’image de sites comme MyPrivatePool, We Peps, ou encore Louer une piscine, fait le lien entre des particuliers souhaitant se baigner quelques heures et des propriétaires de bassin, moyennant une commission. Ce sont les hôtes qui fixent le prix : compter en moyenne 15 à 20 euros par personne et par heure, pour une réservation autour de Paris – un peu moins en région.
Nouveaux adeptes
Et en période d’été, le concept séduit de nouveaux adeptes. Mélanie Lacroix, cadre bancaire, et Katy Grattenoix, responsable administrative, toutes deux 35 ans, ont réservé avec leurs conjoints et enfants : « La canicule du week-end dernier nous a motivées : nous avions envie d’un moment entre amis et de faire plaisir aux enfants. Ce sont des petites vacances avant l’heure », se réjouit Katy Grattenoix, qui pense déjà renouveler l’expérience.
Depuis le début de la saison, les sites de location font le plein : pour sa part, We Peps fait part de 20 % à 30 % de demandes de piscines privées de plus qu’au printemps. Swimmy enregistre de son côté 500 réservations par jour, contre une moyenne de 300 en 2021 à la même période. « La canicule prolongée est clairement en cause », explique Raphaëlle de Monteynard, la fondatrice.
De cet engouement, Lionel tire 3 500 euros par mois en louant son bassin quotidiennement. Le quinquagénaire occupe seul le foyer familial depuis le départ de ses enfants. Mais tous les propriétaires ne s’y consacrent pas à temps plein : « En moyenne, les hôtes louent une dizaine de fois dans l’été, pour un gain de 1 200 euros », estime Raphaëlle de Monteynard. « C’est un complément de revenu, qui permet aussi d’amortir les frais d’entretien », explique Benjamin Poutier, cofondateur de We Peps. « La plupart des propriétaires sont des retraités qui sous-utilisent leur bassin, ou des cadres en télétravail », ajoute-t-il.
Il vous reste 12.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.