Des organisations sénégalaises ont pressé le président Macky Sall, jeudi 27 octobre, de dissiper le doute et de déclarer ouvertement qu’il ne briguerait pas sa propre succession en 2024, candidature susceptible selon elles de semer le « chaos ».
Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, entretient depuis des mois le flou sur ses intentions, alors que les avis divergent sur sa légitimité à se représenter et que l’opposition promet une résistance farouche s’il franchit le pas. La Constitution stipule qu’un président ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Mais un certain nombre de voix s’élèvent dans le camp présidentiel pour défendre l’idée d’un troisième mandat en invoquant la révision constitutionnelle de 2016, qui remettrait les compteurs à zéro d’après eux.
Dans une déclaration publiée jeudi, des organisations de défense des droits humains et de la démocratie, comme AfrikaJom ou la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), rappellent qu’ailleurs en Afrique, par le passé, le forcing pour un troisième mandat a eu des conséquences « particulièrement tragiques », apparente référence à des précédents guinéen, ivoirien ou même sénégalais. Elles disent vouloir « éviter à notre pays un scénario du chaos ».
« Lever toute équivoque »
« Pour nous éviter une telle catastrophe dont les conséquences pourraient être encore plus dramatiques que le bilan de 2012, nous vous invitons, monsieur le président, à faire une déclaration ouverte pour lever toute équivoque », écrivent-elles, ajoutant : « La limitation des mandats à deux est sans équivoque et définitivement ancrée dans la loi fondamentale. » Elles invoquent les déclarations et les engagements pris par le passé, verbalement ou par écrit, par Macky Sall lui-même.
En 2012, la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat avait provoqué des violences qui avaient fait plusieurs morts. Les ONG soulignent que Macky Sall avait alors combattu le troisième mandat, lutte dont il avait été le « principal bénéficiaire ». Nous « vous invitons solennellement à ne pas présenter votre candidature à l’élection présidentielle de 2024, par respect pour la parole donnée et par respect pour l’interprétation claire et sans équivoque que vous n’avez cessé de donner de notre Constitution », disent-elles.
Le refus d’un troisième mandat a été l’un des mots d’ordre des émeutes de 2021 au Sénégal dans un contexte social et sanitaire tendu.
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