### RUPTURE DÉFINITIVE
Le temps d’une matinée, Laurent Wauquiez a mis de côté les visites en immersion qu’il effectue depuis plusieurs mois, seul avec un carnet de notes, pour « prendre le pouls du pays ». Mercredi 27 mars, le président Les Républicains (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a effectué un déplacement avec François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes du 9 juin, en campagne à Oullins-Pierre-Bénite (Rhône). Les deux hommes ont échangé avec les policiers municipaux et des habitants sur la difficile lutte contre le trafic de drogue dans cette commune de la banlieue lyonnaise.
Lors de cette séquence où la droite tente d’afficher une ligne de fermeté face aux dealers, M. Wauquiez en profite pour étriller Gérald Darmanin et « les opérations de communication du ministre de l’intérieur » sur le sujet. L’élu, qui nourrit des ambitions nationales – en octobre 2023, il avait dit vouloir engager la droite « vers un grand succès collectif » à l’élection présidentielle de 2027 – joue ainsi son rôle d’opposant au gouvernement. Avant de lâcher : « Je ne suis pas président [de la République]… pour l’instant. » Au pied d’une barre d’immeubles, la fraction de seconde entre les deux parties de la phrase prend des allures d’éternité. « Pour l’instant », répète en souriant Eric Ciotti à ses côtés, un rien crispé. Le président de LR a beau présenter son « cher Laurent » comme « le candidat naturel » de son camp, mieux vaut éviter de brûler les étapes.
Car tous, à droite, ne sont pas de cet avis. En particulier Xavier Bertrand, qui a montré ne pas vouloir s’effacer devant M. Wauquiez, le 3 février, lorsqu’il a affirmé à Ouest France avoir « bien l’intention » de se porter candidat à la présidentielle. Samedi 23 mars, le président LR des Hauts-de-France était présent au meeting de M. Bellamy, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), pour le lancement de la campagne du parti pour les européennes. Mais il est arrivé en retard au discours de son chef de parti, en préambule. Tout sauf un hasard pour les proches de M. Wauquiez, qui y ont vu un retard volontaire. Sur la photo de famille, MM. Wauquiez et Bertrand sont séparés par quatre ténors du parti. Une distance de sécurité indispensable quand la rivalité vire à l’hostilité.
### ENJEU DE LA PRÉSIDENTIELLE 2027
* »Il faut qu’ils se parlent. »* Combien de fois des cadres de LR ont imploré une paix des braves ? Aujourd’hui, personne ne croit à la grande réconciliation. Début mars, il y a bien eu cette poignée de mains furtive au Salon de l’agriculture. Mais pas de quoi purger une grosse décennie de ressentiment. « Bertrand fait une psychose de Wauquiez et refuse toute main tendue », déplore un proche du second. « Quelle main tendue ? », rétorque l’ex-ministre du travail.
Les manoeuvres en coulisses pour la présidentielle de 2027 sont déjà en place. Chez Les Républicains, le match pour la présidentielle de 2027 est déjà lancé entre Wauquiez et Bertrand. La bataille pour la nomination du candidat du parti promet d’être féroce, avec des rivalités et des ambitions qui se manifestent ouvertement. Les tensions internes se cristallisent autour de deux personnalités bien campées dans leur position, prêtes à en découdre pour conquérir l’investiture et mener la droite vers la victoire.
### RIVALITÉS ET MANŒUVRES
Xavier Bertrand, fort de sa popularité dans les Hauts-de-France, se projette déjà comme un candidat légitime pour la présidentielle. Son refus de s’effacer devant Wauquiez et sa présence au meeting de Bellamy sont autant de signaux de sa détermination à jouer un rôle clé dans l’avenir politique du parti. En revanche, Laurent Wauquiez, en position de président de région et chef de parti, est conscient de sa légitimité mais doit faire face à l’hostilité de certains cadres du parti, notamment Bertrand.
La bataille pour la présidence de LR et la désignation du candidat pour 2027 s’annonce donc houleuse, avec des enjeux majeurs pour l’avenir de la droite française. Les deux protagonistes, Wauquiez et Bertrand, se livrent une lutte d’influence et de pouvoir, cherchant à rallier les soutiens nécessaires pour l’emporter. Dans ce contexte de rivalités et de manœuvres politiques, la droite doit concilier ses divisions internes pour espérer peser dans le paysage politique national.
*Sources*:
– Article original [Le Monde](https://www.lemonde.fr/)
– Article [Le Monde](https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/01/laurent-wauquiez-fait-un-pas-supplementaire-vers-une-candidature-pour-2027_6191916_823448.html) de 2023 sur les ambitions de Laurent Wauquiez.
– Article [Le Monde](https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/04/xavier-bertrand-se-projette-sur-la-presidentielle-de-2027-il-n-y-a-pas-une-majorite-de-fachos-dans-notre-pays_6214699_823448.html) de 2024 sur les ambitions de Xavier Bertrand.
– Article [Le Monde](https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/03/23/elections-europeennes-les-republicains-lancent-leur-campagne-et-chargent-le-camp-macron_6223794_823448.html) de 2024 sur le lancement de la campagne des Républicains pour les élections européennes.
