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Au Mali, la junte interdit les activités des ONG françaises

Au Mali, la junte interdit les activités des ONG françaises


Dans le camp de déplacés de Faladié, à Bamako, le 9 novembre 2022.

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Les ONG françaises s’attendaient à une riposte de la junte mais elles étaient loin de s’imaginer que le coup porté serait aussi fort. Au point de leur être fatal ? Le 21 novembre, le gouvernement malien a annoncé « interdire, avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».

Pour Bamako, cette mesure est une réplique à la suspension de l’aide publique au développement (APD) en direction du Mali décidée par Paris fin octobre. La décision française – énième épisode d’un processus de rupture diplomatique avec son allié d’hier enclenché par l’arrivée au pouvoir de la junte à la suite du double coup d’Etat d’août 2020 et de mai 2021 – n’avait pas fait l’objet de communication publique de Paris.

Elle avait en revanche été confirmée par le collectif d’ONG françaises Coordination Sud, dans une lettre envoyée à Emmanuel Macron le 15 novembre et qui avait par la suite fuité sur les réseaux sociaux. Les signataires, 35 organisations françaises actives au Mali, réclamaient au président français de « revoir [sa] position ». Selon eux, cette mesure de suspension de l’aide au développement – estimée à environ 100 millions d’euros par an – met en péril « plus de 70 projets » menés dans ce pays pauvre où « 7,5 millions de personnes ont besoin d’assistance », sur une population de quelque 20 millions de personnes.

Un « casse-tête »

Paris avait commencé à fermer les robinets de l’aide en février. Alors que près d’un millier de mercenaires du groupe de sécurité privée russe Wagner venait de débarquer sur le territoire malien, Emmanuel Macron avait décidé de suspendre tous les financements français qui transitaient par l’Etat malien.

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« Nous ne voulons pas que notre aide au développement soit détournée, financièrement, pour financer Wagner, mais aussi politiquement, pour que la junte se prévale de projets de développement financés par les contribuables français, afin de se crédibiliser auprès de la population malienne », précise le ministère des affaires étrangères.

L’aide purement humanitaire de la France au Mali, environ 10 millions d’euros par an, n’était pas concernée par cette suspension. Mais, dans sa riposte du 21 novembre, la junte malienne a décidé de l’interdire, elle aussi. « Nous prenons note et regrettons la décision des autorités de transition maliennes », a indiqué le Quai d’Orsay dans un communiqué, au lendemain de l’annonce de la décision de la junte.

Depuis, le ministère a pris contact avec les autorités maliennes afin de mieux cerner les contours de l’application de cette interdiction, qui demeurent flous. « On est dans le brouillard total », déclare un salarié d’une ONG française installé à Bamako. Nos ONG entières sont-elles invitées à plier bagage ou cette interdiction concerne-t-elle seulement les projets financés par la France ? Beaucoup d’entre nous reçoivent de l’argent de plusieurs pays. C’est un casse-tête », raconte-t-il, sous couvert d’anonymat.

Faire profil bas

Une autre inconnue demeure : les ONG maliennes et étrangères recevant des financements de Paris vont-elles aussi devoir suspendre leurs activités ?

En attendant que des précisions soient apportées par la junte, la plupart des ONG françaises implantées au Mali ont été invitées par Paris à suspendre leurs activités. Depuis, elles font profil bas. Toutes espèrent que le plaidoyer qu’elles entendent présenter prochainement devant les autorités maliennes aboutira à un rétablissement de leurs activités dans le pays.

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Le Quai d’Orsay, lui, semble bien plus pessimiste quant à l’issue de cette crise. Selon nos informations, le ministère des affaires étrangères a fortement incité les ONG à rapatrier par eux-mêmes leurs travailleurs français, lors d’une réunion qui s’est tenue conjointement à Paris et à Bamako, le 22 novembre. Leur sécurité ne serait plus garantie. Le ministère n’a toutefois pas ordonné une évacuation du personnel humanitaire français présent au Mali – estimé à une quarantaine de personnes

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