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Au Burkina Faso, le putschiste Ibrahim Traoré désigné président de la transition

Au Burkina Faso, le putschiste Ibrahim Traoré désigné président de la transition



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Le capitaine Ibrahim Traoré a été formellement nommé président de transition du Burkina Faso vendredi, deux semaines après avoir mené un coup d’État et destitué Paul-Henri Damiba, auteur d’un précédent putsch en janvier.

Le résultat est tombé. Le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir il y a deux semaines lors d’un putsch au Burkina Faso, le deuxième en huit mois, a été désigné vendredi 14 octobre « à l’unanimité » président de transition jusqu’à une élection présidentielle prévue en juillet 2024 dans ce pays en proie à la violence jihadiste.

Le capitaine Traoré a été désigné par des assises nationales rassemblant quelque 300 représentants de l’armée et la police, des organisations coutumières et religieuses, de la société civile, des syndicats, des partis et des déplacés internes victimes des attaques jihadistes qui frappent le Burkina depuis 2015.

>>  À lire aussi : « Coup d’État au Burkina Faso : les raisons de la chute du putschiste Paul-Henri Damiba »

Sous les acclamations, le jeune capitaine de 34 ans, qui préside depuis le 30 septembre une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), a signé vendredi soir à l’issue des travaux, une « Charte de la transition » qui fait de lui le président pour les 21 mois à venir.

L’article 5 de cette charte stipule que « le président du MPSR assure les fonctions de président de la transition, chef de l’État, chef suprême des Forces armées nationales ».

Un membre de la junte avait auparavant indiqué à l’AFP que cet article avait été adopté « à l’unanimité ».

L’article 4 souligne que « le mandat du président de la transition prend fin avec l’investiture du président issu de l’élection présidentielle » prévue en 2024. Cet article précise que « le président de la transition n’est pas éligible aux élections présidentielle, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la transition ».

Manifestation de soutien 

La charte maintient un gouvernement de 25 membres et une Assemblée législative de transition (ALT) de 71 membres non rémunérés, hormis des indemnités de session.

Vingt des membres de l’ALT seront désignés par le président Traoré, 16 par les Forces de sécurité et de défense (FDS), les autres par les régions, les partis politiques et les organisations de la société civile.

Le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et regroupés au sein du MPSR, avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’incapacité face aux attaques jihadistes qui se sont multipliées au Burkina.

Elles n’ont pas cessé en huit mois et, face à la dégradation constante de la situation, un nouveau putsch a eu lieu le 30 septembre, qui a porté au pouvoir Ibrahim Traoré, afin de « recentrer la transition sur les urgences sécuritaires », selon la junte.

>> À lire aussi : « Burkina, Guinée, Tchad, Mali… Point d’étape sur les transitions démocratiques en cours »

Le capitaine Traoré avait assuré qu’il ne ferait qu’expédier « les affaires courantes » jusqu’à la désignation d’un nouveau président de transition civil ou militaire par des « assises nationales ».

Mais depuis son coup d’État, il n’a cessé de bénéficier du soutien de la rue.

Vendredi encore, plusieurs centaines de personnes ont manifesté près du Centre de conférence où se tenaient les assises, en brandissant son portrait et en criant son nom, d’autres agitant des drapeaux russes, burkinabè et maliens.

Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou jouit d’un soutien populaire grandissant alors que la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée, en particulier au Mali, pays voisin du Burkina également dirigé par des militaires putschistes depuis 2020.

« Renouvellement générationnel »

« Nous voulons le capitaine Traoré ou rien. Il faut que les participants aux assises comprennent clairement ce message et suivent le choix du peuple », a déclaré un manifestant, Sayouba Ouedraogo.

« Nous savons exactement ce que nous voulons » et « c’est la confirmation du capitaine Traoré comme chef de l’État et président du Burkina Faso », a dit pour sa part Monique Yeli Kam, qui représente le Mouvement pour la renaissance du Burkina (MRB, ex-opposition) aux assises.

Selon elle, il « incarne le renouveau, un renouvellement générationnel, une rupture avec les anciennes pratiques ».

L’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, avait appelé ses compatriotes « à limiter » vendredi leurs déplacements « au strict nécessaire », « par crainte de nouveaux mouvements de protestation ».

Des intérêts de la France au Burkina, dont l’ambassade et deux Instituts français, ont été pris à partie par des manifestants pro-Traoré à l’occasion du dernier putsch.

Les attaques régulières de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes depuis 2015.

Plus de 40 % du territoire échappe au contrôle de l’État, notamment du côté des frontières avec le Mali et le Niger.

Le capitaine Traoré a assuré que Ouagadougou continuerait à respecter les engagements pris sous Paul-Henri Sandaogo Damiba vis-à-vis de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en particulier sur l’organisation d’élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.

Avec AFP et Reuters 

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