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Arme nucléaire, 300 000 nouveaux soldats: doit-on craindre les nouvelles menaces de Poutine?

Arme nucléaire, 300 000 nouveaux soldats: doit-on craindre les nouvelles menaces de Poutine?



Pour renverser la vapeur en Ukraine, où ses troupes encaissent les défaites, Vladimir Poutine a ordonné la mobilisation de 300 000 réservistes, une première en Russie depuis la Deuxième Guerre mondiale. Des experts y voient un geste de désespoir qui risque d’avoir un effet négligeable sur le terrain.  

La mine grave, Vladimir Poutine s’est adressé à son peuple dans une vidéo préenregistrée. Le chef d’Étst s’est dit prêt à utiliser «tous les moyens» à sa disposition – y compris l’arme nucléaire – contre l’Occident, qu’il accuse de vouloir «détruire» la Russie.  

Le président russe a aussi annoncé la mobilisation de 300 000 réservistes pour aller prêter main-forte aux troupes qui combattent en Ukraine. 

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Même si Moscou prétend n’avoir perdu que 5937 soldats depuis le début des combats, cette annonce est la preuve que son armée a désespérément besoin de regarnir ses rangs pour pouvoir poursuivre son offensive en sol ukrainien, estime le professeur spécialisé en commandement militaire stratégique et en prise de décision au Collège des Forces canadiennes, Éric Ouellet. 

«Moscou n’a jamais dévoilé le nombre exact de soldats russes tombés au combat depuis le début de la guerre, mais cette mobilisation est assurément le signe qu’ils ont subi des pertes significatives et qu’ils ont besoin de combler ces pertes», précise-t-il. 

De la chair à canon

La mobilisation annoncée, qui ne cible que les réservistes de l’armée, devrait cependant avoir un effet limité sur le terrain, puisque ces soldats n’ont pour la plupart aucune véritable expérience de combat, explique le professeur Ouellet. 

«Il faudrait les former un bon six mois avant de les envoyer au combat. Si l’armée ne les forme pas, il y a vraiment un risque que ces troupes servent de chair à canon, comme c’est le cas pour les bataillons de volontaires russes envoyés au front depuis le début de la guerre.»

Une publicité russe sur laquelle on peut lire le slogan suivant: «Servir la Russie est un vrai travail».

AFP

Une publicité russe sur laquelle on peut lire le slogan suivant: «Servir la Russie est un vrai travail».

Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a pour sa part rappelé que ces 300 000 soldats représentent à peine «1,1% des ressources mobilisables» au pays, ouvrant la porte à une mobilisation de plus grande envergure. 

Le gouvernement russe aurait trop à perdre à emprunter cette voie, affirme Maria Popova, professeure associée de science politique à l’Université McGill. 

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«Vladimir Poutine prend déjà un risque à l’heure actuelle, puisqu’il envoie des messages contradictoires à sa population. Il dit qu’il est prêt à tout pour atteindre ses objectifs et demande aux Russes de le suivre, mais tente aussi de les rassurer en évoquant une mobilisation partielle», soutient la spécialiste de la Russie postsoviétique.

«Malgré cela, à l’heure actuelle, des citoyens russes tentent de quitter le pays pour éviter cette mobilisation. Donc les dirigeants savent qu’il y a un risque à pousser la mobilisation trop loin. Ça pourrait déclencher un mécontentement majeur dans la société, ce que le pouvoir a réussi à éviter jusqu’à maintenant.» 

Poutine plus sérieux que jamais

Le changement de ton de Vladimir Poutine devrait toutefois être pris au sérieux, insiste Éric Ouellet. 

Vladimir Poutine a déjà perdu beaucoup en Ukraine et alors que sa marge de manœuvre ne cesse de rétrécir, il pourrait être tenté de jouer le tout pour le tout, poursuit-il. 

Vladimir Poutine

AFP

«Il dit qu’il ne bluffe pas. Cette fois, j’aurais tendance à le croire. Son objectif initial de faire de l’Ukraine un État fantoche n’a pas fonctionné. Son deuxième but, soit de contrôler les régions prorusses du Donbass, commence aussi à être menacé. À ce stade-ci, je crois que le message qu’il envoie, c’est qu’il n’acceptera pas de perdre plus de territoire et qu’il est prêt à se battre longtemps pour y arriver.»

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Pourrait-il avoir recours à l’arme nucléaire pour le faire?

«Cela va beaucoup dépendre de comment le monde réagira à ce qui s’en vient», croit Maria Popova.

«Si l’Occident est ferme et que les alliés de la Russie décident qu’ils veulent mettre fin à la guerre plutôt que de l’appuyer passivement, cela pourrait vraiment affaiblir Poutine. Ce n’est pas impossible que l’effort de guerre s’écroule sous ses pieds et qu’il ne puisse simplement plus prendre la décision d’utiliser ou non l’arme nucléaire. C’est possible qu’il manque le moment, l’opportunité pour le faire. Si c’est le cas, la guerre se terminera très mal pour lui», conclut-elle. 

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