Prophétiser la reprise d’un dialogue au sein de la classe Ultime après les signes de bonne volonté échangés par les trois premiers skippeurs (Caudrelier, Gabart et Coville) à avoir franchi, mercredi en Guadeloupe, la ligne d’arrivée de la Route du rhum, semble encore douteux à ce stade. Thomas Coville, troisième, épuisé au ponton, résumait son état d’esprit quelques minutes après avoir coupé la ligne : « C’est un privilège de disputer un match pareil avec des athlètes pareils. »
A la vérité, les trois écuries majeures (Gitana, Sodebo et Banque populaire) n’ont pas été ramollies par l’humidité tropicale. Intraitables vis-à-vis de François Gabart et de son trimaran SVR-Lazartigue, à qui elles reprochent toujours et encore de ne pas avoir respecté la jauge en installant des winchs sous le plan de pont, lui conférant un supposé avantage aérodynamique.
Visiblement, cet atout aérodynamique n’a pas sauté aux yeux, la hiérarchie sur le papier – à l’exception d’Armel Le Cléac’h (Banque populaire), contraint à effectuer un arrêt dans les premiers jours pour réparer sa dérive centrale, condamnant ainsi ses chances de victoire – a été respectée : premier Caudrelier ; deuxième Gabart, à 3 heures et 15 minutes ; et troisième Coville, à 10 heures et 50 minutes. De loin, tout cela ressemble à une querelle interne dans un microparti politique. Il s’est exclu lui-même. Il a trahi la cause. Il a adhéré, mais a rendu sa carte. Sous le regard de théoriciens en bateaux volants, aussi interdits que consternés.
La performance athlétique et maritime de Charles Caudrelier sur un bateau remarquablement mis au point ne souffre d’aucune contestation. François Gabart, les yeux rougis mais enchanté de l’issue de ce combat transatlantique : « C’était quand même mieux avec nous [cette Route du rhum], non ? » dit-il malicieusement.
Gabart : « Le futur, à vrai dire, je ne sais pas »
La dérogation accordée par la justice à François Gabart pour disputer la course prenait fin au moment de la ligne franchie. Pense-t-il se retirer de la course au large ? Fera-t-il les travaux qu’exige le reste de la classe Ultime ? Quittera-t-il la compétition pour se consacrer à son entreprise de quatre-vingts salariés, MerConcept, à Concarneau (Finistère) ? « Arrêter le large, c’est une façon binaire de voir les choses, répond-il. Le futur, à vrai dire, je ne sais pas, et ce n’est pas grave au fond. J’ai aimé animer cette course avec Charles et ça m’a fait vraiment plaisir. Et puis je ne suis plus le même compétiteur qu’il y a quatre ans… On verra. »
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