La Coupe du monde de football au Qatar aura bien lieu.
Les soupçons sur la procédure d’attribution, les scandales écologiques liés à la climatisation à ciel ouvert de ses stades, la litanie des décès de milliers d’ouvriers dans ses chantiers, l’homophobie d’Etat et ses répressions régulières n’ont pas encore suffisamment ébranlé les consciences pour mettre en doute la tenue de cet événement sportif planétaire.
L’histoire a déjà été coutumière de cette contradiction entre une effervescence partagée pour ces grands rendez-vous et l’acceptation de situations ou de régimes aux valeurs opposées à celles du sport. On se souvient de la Coupe du monde en Argentine en 1978, alors sous la férule du général Jorge Videla, de celle de 2018 dans la Russie de Vladimir Poutine ou encore des récents Jeux olympiques d’hiver à Pékin en février, en plein génocide contre les Ouïgours.
Certains ont su, à ces moments, défendre des positions courageuses. C’est aujourd’hui le cas de l’ex-footballeur international allemand Philipp Lahm, qui a décidé de boycotter cette Coupe du monde qatarienne pour protester contre les violations des droits humains.
Ni doute ni regret
Doit-on attendre des sportifs qui prendront part à ces compétitions des attitudes aussi engagées ? Ce serait un signe heureux. Mais ceux-ci n’ont pas à porter seuls le poids de la contestation morale quand tant d’autres se font si silencieux.
On ne doit pas oublier que ce sont des responsables du football international, la Fédération internationale de football (FIFA) et son président, Sepp Blatter, qui ont attribué, en 2010, dans des conditions aujourd’hui attaquées sur le plan judiciaire, la Coupe du monde au Qatar. Depuis, l’instance a laissé faire, elle n’a jamais exprimé le moindre doute, le moindre regret, alors que les informations les plus sombres nous parvenaient de ce pays. Et que dire de la parole de nos dirigeants politiques ? Ils n’ont offert rien d’autre qu’un long silence. Ce mutisme nous oblige à réagir aujourd’hui.
S’il semble peu vraisemblable de voir cette compétition annulée, les responsables publics, les sponsors, les chaînes de télévision et les citoyens peuvent faire quelque chose : boycotter la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde. Celle-ci se déroulera le 20 novembre.
Annoncé par la FIFA comme « grandiose et spectaculaire », ce grand show autour du sport le plus populaire du monde n’aura qu’un seul objet : la promotion d’un pays qui a misé sur le sport pour se rendre plus fréquentable. Une stratégie de soft power pour masquer ses horreurs et détourner les regards.
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