HAWKESBURY | Près de 15 ans après la disparition de Marilyn Bergeron, ses parents lancent un appel à la population de l’Ontario, où un homme affirme l’avoir accueillie chez lui en 2009.
• À lire aussi: Marilyn Bergeron pourrait être en Ontario, croit l’avocat Marc Bellemare
« Elle était en talons hauts, habillée très peu chaudement pour la saison et elle pleurait. Elle a demandé à passer un appel pour joindre quelqu’un situé sur la rue Chamberlain, puis elle est partie », se rappelle Guy Salicco.
L’homme qui résidait à l’époque à l’angle de la rue Lansdowne et Cameron, à Hawkesbury, est convaincu que la femme qu’il a accueillie cette nuit de décembre 2009 était Marilyn Bergeron.
Mais ce n’est que trois mois plus tard, après avoir appris qu’il s’agissait d’une personne disparue grâce à des photos sur le web, qu’il a fait le signalement à la police de Québec.
Une femme en détresse
Vendredi matin, lors d’une conférence de presse organisée par la famille de Marilyn Bergeron, il a raconté son témoignage en public pour la première fois.
Il a notamment dépeint une jeune femme en détresse, teinte en blonde, et qui grelottait au moment où elle a frappé à sa porte, à 2 h du matin.
« Elle ne nous a jamais donné son nom et a refusé qu’on aille la reconduire sur la rue Chamberlain, où elle est partie à pied », ajoute l’homme qui ne l’a plus jamais revue après ce bref moment de 15 minutes.
Entre 2008 et 2019, ce sont 174 signalements qui ont été faits par des individus qui croyaient avoir aperçu Mme Bergeron à un moment ou à un autre.
Près du tiers (54) des informations reçues provenaient de l’Ontario, et 85 % de celles-ci provenaient de la région de Hawkesbury.
- Écoutez l’entrevue avec Me Marc Bellemare à l’émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :
« Vivre l’invivable »
Pour ces raisons, et forts du témoignage de M. Salicco, les parents de la disparue ont décidé de lancer un appel à la population ontarienne dans l’espoir d’obtenir de nouvelles pistes.
« Je reconnais ma fille à travers toute la description que M. Salicco a faite de cette jeune femme. Et dans les années qui ont suivi, d’autres informations se sont ajoutées à l’effet que Marilyn aurait pu se trouver ailleurs en Ontario », explique sa mère, Andrée Béchard.
« Si vous savez des choses, nous vous demandons de sortir du silence, de rompre votre secret, pour nous soulager de 15 ans de souffrance. Une disparition, c’est vivre l’invivable », ajoute celle qui craint que sa fille ait pu se retrouver dans une histoire de trafic sexuel.
Chronologie
10 février 2008
Marilyn Bergeron quitte Montréal de façon précipitée après avoir confié à sa mère qu’elle a peur de rester dans son appartement. À son arrivée à Québec, elle pleure dans les bras de sa mère quand celle-ci lui demande si elle a été agressée.
15-16 février 2008
Déménagement de Marilyn de Montréal pour retourner chez ses parents à Québec.
17 février 2008
Marilyn décide d’aller « prendre une marche » seule. Elle a en sa possession sa carte de crédit.
18 février 2008
Les parents de Marilyn signalent sa disparition au Service de police de la Ville de Québec (SPVQ).
19 février 2008
On découvre que Marilyn a tenté de faire une transaction de 60 $ à la caisse populaire de Loretteville le 17 février. Une autre transaction est effectuée le même jour au Café Dépôt de Lévis.
Décembre 2009
Guy Salicco affirme avoir hébergé Marilyn pendant une quinzaine de minutes dans sa maison de Hawkesbury, en Ontario, sans savoir qu’elle était recherchée. Il décrit une jeune femme blonde en détresse, qui pleure et qui a froid. Elle cherche à joindre quelqu’un sur la rue Chamberlain.
Mars 2010
Guy Salicco contacte le SPVQ après avoir réalisé que la femme qu’il a accueillie chez lui est fort probablement Marilyn Bergeron, lorsqu’il a vu ses photos sur le web.
Un mystère qui perdure
Même si de nombreux témoignages et informations ont été rapportés au fil des ans, on ne connaît toujours pas les raisons qui ont poussé Marilyn Bergeron à fuir loin de ses proches.
« Tout ce que je peux vous dire, c’est que ma fille portait en elle quelque chose de très lourd. […] Je pense qu’elle s’est fait piéger », a fait savoir Andrée Béchard, qui craint qu’elle ait été embarquée dans une affaire de trafic sexuel.
Marilyn Bergeron, qui serait aujourd’hui âgée de 38 ans, a quitté Montréal de façon précipitée en février 2008 pour venir s’installer à Québec, chez sa mère.
Rapidement, Mme Béchard a constaté que sa fille semblait bouleversée, mais celle-ci ne lui a jamais avoué ce qui la tracassait. Quand elle lui a demandé si elle avait été agressée, la jeune femme a fondu en larmes.
« Mettre fin à notre cauchemar »
Puis, au lendemain de son déménagement chez ses parents, elle a quitté la maison pour « aller prendre une marche », de laquelle elle n’est jamais revenue. Des relevés bancaires l’ont retracée pour la dernière fois le jour même à la caisse populaire de Loretteville et au Café Dépôt de Lévis.
« Il faut être réaliste. On peut l’avoir perdue, mais si quelqu’un sait ce qui lui est arrivé, on voudrait mettre fin à notre cauchemar », a lancé sa mère, quelque peu émotive.
L’enquête se poursuit
Malgré des différends avec le Service de police de la Ville de Québec au fil des ans, Mme Béchard assure toujours travailler en partenariat avec le corps policier.
Une nouvelle équipe d’enquêteurs s’est d’ailleurs penchée sur le dossier il y a un peu plus de deux ans, redonnant un nouveau souffle à l’enquête.
Toute information pouvant permettre de retrouver Marilyn Bergeron peut être transmise à l’avocat Marc Bellemare au 418-681-1227 ou à la famille de la disparue au 1 800 840-1526.