« Un projet extrêmement clivant » au sein des promotions d’élèves polytechniciens. Voilà la conclusion d’un sondage au sujet de l’implantation d’un centre de recherche de LVMH consacré « au luxe durable et digital », sur le campus de leur école. Cette enquête, menée fin octobre auprès des trois dernières promotions d’élèves (environ 1 600 personnes contactées, 55 % de répondants), avait pour objectif de recueillir leur avis pour préparer le vote de leurs élus lors du prochain conseil d’administration, le 8 novembre. Les résultats sont pour le moins contrastés : 43 % des élèves ont un avis défavorable, 23 % un favorable, 25 % disent vouloir « s’aligner » sur l’avis des professeurs et des doctorants, 9 % ne se prononcent pas.
Parmi les points « faibles » cités par les élèves : « l’association de l’image de LVMH à celle de l’X » (67 %), le « manque d’intérêt général dans le projet » (66 %) et « l’installation définitive » (63 %) d’une entreprise sur le campus. Un mauvais signal pour l’école, qui essaie de redorer son blason depuis l’« affaire Total » et l’échec de l’implantation d’un centre de recherche du géant de l’énergie après l’opposition tenace d’élèves polytechniciens pendant plus de deux ans. En janvier 2022, TotalEnergies avait dû arrêter son projet de centre dévolu aux nouvelles énergies et une enquête préliminaire visant son PDG, Patrick Pouyanné, membre du conseil d’administration de l’école, avait été ouverte en mai 2021 par le Parquet national financier pour d’éventuels faits de prise illégale d’intérêts.
Interrogée, l’école argue qu’aucune majorité absolue ne se dégage de ce sondage. « Il est intéressant de noter que 25 % des élèves souhaitent s’aligner sur l’avis des professeurs, des personnels de recherche et des doctorants. Or, il ne faut pas oublier que les doctorants ont émis un vote favorable au CA de l’Institut polytechnique de Paris [qui regroupe plusieurs autres écoles d’ingénieurs] en septembre. Nous attendons le vote et nous restons confiants », assume la direction.
LVMH, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, s’est positionné dès 2021 pour s’installer sur le plateau de Saclay, haut lieu de la recherche et de l’enseignement en Ile-de-France. En juin 2022, le groupe a choisi de reprendre le même terrain convoité par TotalEnergies situé en face de l’Ecole polytechnique et appartenant désormais à l’établissement public d’aménagement de Paris-Saclay (Epaps), chargé par l’Etat de l’aménagement du plateau.
« La méthode de l’école, c’est aller vite et passer en force »
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