Le 23 avril 2013, le mariage homosexuel devient officiellement légal en France. Sous la présidence de François Hollande, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, fait voter une loi autorisant l’union entre deux personnes de même sexe. Invité de Bruno Donnet et Stéphanie Loire dans « Tandem » sur Europe 1, l’ancien chef d’État revient sur l’adoption mouvementée de ce texte.
« J’en étais à la fois fier et, d’une certaine façon, un peu malheureux », commence-t-il. « Fier parce que c’était l’aboutissement d’un engagement que j’avais pris quand je me suis présenté devant les Français pour la campagne présidentielle de 2012. Fier parce que c’était la consécration d’une lutte de beaucoup d’associations, de femmes et d’hommes qui voulaient qu’il y ait enfin la reconnaissance du mariage ».
« Des expressions tout à fait intolérables »
Mais l’ancien président n’a pas oublié les débats parfois houleux dans l’hémicycle autour de ce projet de loi. Il se remémore notamment certains propos « intolérables », tenus par une partie des opposants au mariage pour tous.
« J’en étais malheureux parce que le débat que j’avais souhaité avait dégénéré dans la rue, qu’il y avait eu des cortèges et des cortèges de manifestations, d’abord de ceux qui y étaient hostiles et d’autres qui y étaient favorables. Il y avait eu dans le débat parlementaire des expressions tout à fait intolérables, des attaques pas simplement contre Taubira, mais à l’égard des homosexuels eux mêmes, que je ne pouvais pas admettre », se souvient-il. L’ancien locataire de l’Élysée estime par ailleurs que cette loi aurait dû être adoptée de façon bien plus rapide.
Le rôle de l’opposition
François Hollande a ensuite évoqué le rôle de l’opposition d’alors qui, selon lui, ne pouvait guère sortir victorieuse de cette logique d' »affrontement ». « Nous avons voulu qu’il y ait un débat parlementaire mais la droite n’a pas compris qu’elle avait beaucoup plus à perdre dans l’affrontement, la mise en cause, la dénonciation ou la fausse promesse, puisqu’elle avait été même jusqu’à dire que si elle revenait un jour aux responsabilités, elle annulerait la loi sur le mariage. Ce qui était absurde puisqu’il y avait des gens qui auraient été mariés, qui n’auraient pas pu être démariés ».
Enfin, l’ancien maire de Tulle estime qu’aujourd’hui, « on ne verrait plus de manifestations hostiles ». Une façon pour lui de « mesurer les effets » de cette loi qui fêtera son 10e anniversaire l’année prochaine.