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La ville bruissait, impatiente. On savourait d’avance le plat de tô, la bouillie de mil, que l’on partagerait bientôt en famille. Le goût du sucre, pour les plus aisés, que l’on mettrait dans son thé. Les habitants de Djibo, dans le nord du Burkina Faso, guettaient la piste rouge menant à Ougadougou, la capitale, située à 200 kilomètres, espérant apercevoir à l’horizon le cortège des camions de marchandises venus garnir les boutiques vides.
Las, le convoi escorté par l’armée qui devait approvisionner la ville assiégée depuis sept mois par des djihadistes n’arrivera pas. Sur la route, il a été la cible d’une violente attaque, lundi 26 septembre. Des dizaines de poids lourds ont brûlé avec leurs cargaisons. Au moins onze militaires ont été tués et une cinquantaine de civils sont toujours portés disparus, selon un bilan officiel provisoire. Selon plusieurs médias, des avions français de la force « Barkhane » sont intervenus en renfort, à la demande des autorités burkinabées.
Mercredi, le ministre délégué à la défense Silas Keïta a dénoncé « des complicités malheureuses » à l’origine de l’embuscade, et assuré que des opérations étaient en cours pour acheminer au plus vite des ressources vers Djibo. Chef-lieu de la province du Soum, la ville est ravitaillée au compte-gouttes. Le dernier convoi est arrivé en juillet. Reparti début septembre, il a, lui, été touché par l’explosion d’une mine artisanale qui a fait 35 morts.
Les camions attaqués lundi transportaient plusieurs centaines de tonnes de produits de première nécessité : des sacs de mil, du riz, des bidons d’huile, du savon, des médicaments. Selon nos informations, les assaillants attendaient le passage du cortège, dans un camp abandonné par l’armée à Gaskindé, à une vingtaine de kilomètres de Djibo.
Plus personne n’entre ni ne sort
« Les militaires ont tenté de se défendre mais les terroristes étaient trop nombreux, alors on est descendus des bus et on s’est mis à courir dans la brousse. Ça tirait dans tous les sens, les gens tombaient un à un autour de moi », raconte un rescapé, joint par téléphone. Cet homme de 64 ans dit avoir marché vingt kilomètres jusqu’à la ville la plus proche, avec ses deux enfants blessés par balles, à la joue et au rein. Ce jour-là, des centaines de voyageurs comme lui profitaient du convoi pour rejoindre leur foyer à Djibo.
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