Le musicien Kauan Okamoto a révélé lors d’une conférence de presse au Japon le 12 avril dernier qu’il avait été agressé sexuellement durant des années par l’ancien président de l’agence Johnny & Associates, Johnny Kitagawa, avant sa mort en 2019. Dans une interview accordée au magazine Shukan Bunshun une semaine avant la conférence de presse, Okamoto avait raconté comment Johnny Kitagawa invitait des mineurs représentés par l’agence à passer la nuit dans son appartement pour les agresser sexuellement. Les propos de Kauan Okamoto ont été repris par plusieurs sources telles que le journal Asahi Shimbun.
Johnny Kitagawa, le père des boys bands Smap ou Arashi, faisait l’objet d’accusations de violences sexuelles et de viols contre mineurs depuis les années 1990. Cependant, en raison de son influence, cette affaire constituait jusqu’ici un tabou dans la sphère médiatique japonaise. Dans un procès intenté par l’agence à l’encontre de l’hebdomadaire ayant révélé l’affaire en 1999, la justice nippone avait reconnu les faits d’agressions sexuelles.
En mars dernier, la chaîne britannique BBC a diffusé une enquête sur cette affaire, déclenchant une série de nouveaux témoignages, dont celui d’Okamoto. Depuis cette enquête, l’omerta semble enfin sur le point d’éclater. Une victime ayant désormais pris publiquement la parole à visage découvert et des journaux nationaux tels que Kyodo Tsushin ont enfin publié des articles après la conférence de presse.
Cependant, l’entreprise Johnny & Associates s’est contentée de déclarer qu’elle continuerait de mettre en place des mesures telles que le renforcement de la gouvernance de l’entreprise en collaboration avec des experts neutres. La présidente actuelle de l’agence, Julie Fujishima, nièce de Johnny Kitagawa, n’a pas encore réagi publiquement. Selon le journaliste Soichiro Matsuya, il est difficile d’estimer le nombre de victimes, mais cela pourrait monter à des centaines. De nombreux médias collaborent avec les acteurs de l’agence, très populaires dans le pays, en particulier les chaînes de télévision privées, qui sont incapables d’organiser leurs émissions sans eux.