Jules, l’enseigne française de mode masculine, a inauguré en février 2022 son usine FashionCube Denim Center à Neuville-en-Ferrain, près de Roubaix. Depuis novembre de la même année, la marque a vendu 6 000 jeans fabriqués sur place, confirmant ainsi le succès de cette relocalisation.
La stratégie de l’enseigne ne s’arrête pas là. Elle prévoit de proposer une ligne de vêtements de 19 pièces fabriquées dans des ateliers français, comprenant des pulls, des sweatshirts et des bonnets. Cependant, ni la chemise ni le costume n’ont été intégrés à cette ligne, faute de trouver des confectionneurs en France. Afin de soutenir les ventes de cette ligne, Jules envisage également l’installation de rayons « made in France » dans environ 150 à 200 magasins français d’ici la fin de l’année.
L’objectif de l’entreprise est de vendre 100 000 vêtements fabriqués en France d’ici 2025. Mais cette stratégie implique une augmentation des prix, notamment pour les jeans. Ceux-ci, vendus à l’origine à 59,59 euros, soit environ 30 euros de plus que le prix moyen d’un jean vendu en France, devraient être augmentés de 10 à 20 euros à l’hiver 2023-2024, selon Ericka Joffrin-Cadix, directrice des collections et des achats de l’entreprise à mission. Le coût de production élevé dû à la main-d’œuvre et au temps passé à la confection dans l’usine employant des salariés en reconversion ainsi que la flambée des prix du coton et de l’énergie ont contribué à cette augmentation.
La marque, détenue par l’Association familiale Mulliez (AFM), se dispute la place de leader du marché de la mode masculine avec Celio. L’entreprise a également stabilisé son activité à environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires malgré une cyberattaque qui avait compliqué la fin de l’année 2022. Les trois premiers mois de l’année 2023 ont même progressé de 8 %, selon le directeur général, Franck Poillon.
En février, Jules est devenue une « entreprise à mission », s’imposant de « transformer l’industrie de la mode » en œuvrant pour la relocalisation de sa production « au plus près de ses clients ». Ce changement de statut s’inscrit dans les objectifs de développement durable et de réduction de l’empreinte environnementale de l’entreprise. En 2026, Jules prévoit que 30 % de ses collections seront fabriquées en proche import, contre 17 % actuellement. L’enseigne incite également ses clients à « moins consommer et à mieux consommer », avec une baisse de ses volumes d’achat depuis 2019, soit près de 2 750 000 pièces produites en moins.