Qui pour sauver Scopelec ? Placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, le 26 septembre, le plus grand groupe coopératif de France jouera son avenir le 5 décembre. Cette société coopérative et participative (SCOP), spécialisée dans la fibre optique, comptait encore 3 600 salariés en 2021 et réalisait un chiffre d’affaires de 475 millions d’euros.
Cependant, après la perte de marchés historiques avec l’opérateur Orange, soit près de 40 % de son activité, la société implantée dans le Tarn doit tenter de sauver les 2 250 emplois encore en jeu, après des licenciements, des départs volontaires et un plan social interne. Des acteurs du secteur (Alsatis, Circet, Kyntus, Solutions 30 et Foliateam) ont d’ores et déjà présenté leurs offres de reprise en plan de cession pour Scopelec SA et sa filiale indirecte Setelen.
La nouvelle direction de Scopelec, nommée à la hâte durant l’été, sera également sur les rangs. Avec un projet qui veut « mobiliser le monde coopératif, sauver 82 % des emplois soit 1 750 salariés, développer un nouveau projet moins dépendant d’Orange, plus diversifié », selon le nouveau président du directoire, Carlos Verkaeren.
Cet industriel d’origine belge de 58 ans n’est pas un inconnu dans le monde de l’entreprise. En 2001, il a repris la biscuiterie Poult, dans le Tarn-et-Garonne et, avec des méthodes de management et de « participation » innovantes, a fait de cette maison fondée en 1883 un modèle – autant qu’un succès – de l’entreprise dite « libérée ». « Je préfère agile et innovante, plutôt que libérée », nuance-t-il. Contacté dès 2021 par l’union régionale des SCOP d’Occitanie, M. Verkaeren va devoir faire preuve de beaucoup d’imagination, et d’agilité.
Mobiliser les collectivités
« Il a des valeurs. Il sait redresser une boîte. On a tout de suite pensé à lui pour gommer les erreurs et les postures de l’ancienne direction », précise Rémi Roux, président de l’Union régionale des SCOP d’Occitanie, également à la tête d’Ethiquable, une autre SCOP, établie dans le Gers. Le projet, soumis à la consultation des salariés et sociétaires (détenteurs de parts sociales) de l’entreprise, proposera la création d’une nouvelle société coopérative.
« On repart de zéro, sans dette et sans passif, mais il faut trouver des fonds », avance Carlos Verkaeren, qui sera « le premier à investir dans la nouvelle SCOP ». Les salariés sont invités à prendre des parts sociales pour un montant allant de 1 000 à 6 000 euros. Le conseil régional d’Occitanie serait prêt à accorder des prêts d’honneur à taux zéro aux salariés vivant dans la région, et des discussions sont en cours avec d’autres collectivités locales pour qu’elles achètent des titres participatifs.
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