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Les inondations dévastatrices en Afrique de l’Ouest aggravées par le changement climatique

Les inondations dévastatrices en Afrique de l’Ouest aggravées par le changement climatique


Un camion-citerne renversé par les flots lors d’inondations dans la région d’Ahoada, au Nigeria, le 21 octobre 2022.

Le changement climatique a multiplié par 80 la probabilité des pluies intenses à l’origine d’inondations historiques au Nigeria, qui ont tué ces derniers mois plus de 600 personnes et dévasté l’agriculture du pays le plus peuplé d’Afrique, selon une étude scientifique publiée mercredi 16 novembre.

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Ces inondations hors norme, qui ont aussi touché le Niger, le Tchad et des pays voisins, ont déplacé plus de 1,4 million de personnes et ravagé des centaines de milliers d’hectares de récolte, en pleine crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine. Principale cause : des niveaux de précipitations exceptionnels dans la région autour du lac Tchad depuis le début de la saison des pluies, en juin.

Or « le changement climatique causé par l’activité humaine a rendu cet événement environ 80 fois plus probable et environ 20 % plus intense », conclut le World Weather Attribution (WWA), auteur du rapport publié mercredi. Pionnier, ce réseau mondial de scientifiques s’est imposé ces dernières années par sa capacité à évaluer en peu de temps le lien entre les événements météorologiques extrêmes et le changement climatique, ce lien n’étant pas systématique.

« Pertes et dommages »

Parmi ses précédentes études, le WWA a conclu que la sécheresse du dernier été dans l’hémisphère nord avait été rendue « au moins 20 fois plus probable » par le réchauffement de la planète lié aux gaz à effet de serre. Ou que la canicule de 2021 dans le nord-ouest du Canada et des Etats-Unis aurait été « pratiquement impossible » sans le changement climatique. Mais qu’il n’était toutefois pas le facteur majeur de la crise alimentaire en 2021 à Madagascar. Ces résultats, produits en urgence et rendus publics sans passer par les revues à comité de lecture, sont obtenus en combinant des méthodes approuvées par leurs pairs, en premier lieu des données météo historiques et des modèles climatiques.

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Dans la région du lac Tchad, les « pluviométries supérieures à la moyenne » relevées cette année « ont désormais une chance sur dix environ de se produire chaque année », alors qu’elles étaient rarissimes avant l’impact climatique du recours aux énergies fossiles, estime le WWA. Les scientifiques ont aussi examiné le pic de précipitations sur sept jours le long du bassin inférieur du fleuve Niger, au Nigeria. Ils concluent que « le changement climatique a rendu l’événement environ deux fois plus probable et environ 5 % plus intense ».

La publication de ces conclusions intervient en pleines négociations en Egypte à la conférence des Nations unies sur le climat (COP27), où les pays en développement demandent aux pays riches, pollueurs depuis le début de l’ère industrielle, de payer pour les « pertes et dommages » liés au changement climatique.

Sécheresse au Sahel

« Ce n’est pas à nous, scientifiques, de dire aux négociateurs ce qu’ils doivent faire. Nous ne faisons que présenter les preuves », mais même à 1,2 °C de réchauffement planétaire, « nous constatons déjà une augmentation des risques », a souligné Maarten van Aalst, directeur du centre climat de la Croix-Rouge internationale, lors d’une conférence de presse en ligne : « Cela montre aussi très clairement que ces impacts ne sont pas futurs, ils se produisent aujourd’hui : nous avons donc besoin de ces solutions de financement. »

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Les chercheurs du WWA se sont également penchés sur la sécheresse au Sahel, qui a aggravé la crise alimentaire en cours au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, au Niger et au Nigeria. Cette pénurie « est survenue après une saison des pluies erratique en 2021, qui a affecté la production agricole et réduit les stocks alimentaires des mois plus tard », rappelle le WWA : « Mais les scientifiques ont constaté que la variabilité des précipitations dans la région et le manque de données météo historiques […] ne permettaient pas de déterminer si le réchauffement dû à l’homme avait joué un rôle. »

Les chercheurs jugent donc « essentiel d’investir dans des stations météorologiques » dans la région, essentielles pour aider des populations « très vulnérables aux conditions météorologiques extrêmes », qu’elles soient ou non attribuables au changement climatique.

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Le Monde avec AFP

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