Chats et chiens gardés dans des conditions épouvantables, chenils insalubres, fermes où s’entassent des animaux non soignés ; la région de Joliette arrive en tête du triste palmarès de la maltraitance animale au Québec.
Depuis 2015, date de la création de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, c’est au palais de justice de Joliette que l’on trouve le plus grand nombre de dossiers d’infraction, d’après des données compilées par notre Bureau d’enquête.
En établissant cette loi, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) souhaitait renforcer la protection des animaux.
Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déposé 86 infractions à cette loi dans le district judiciaire de Joliette, qui regroupe entre autres les municipalités de Joliette, Sainte-Émélie-de-l’Énergie, Saint-Lin–Laurentides, et L’Assomption.
La région de Québec arrive deuxième avec 74 dossiers, alors que Montréal fait bien meilleure figure avec 25 infractions.
MISÈRE HUMAINE
Les intervenants à qui nous avons parlé peinaient à trouver une raison à la situation dans la région de Joliette.
«Le secteur de Lanaudière et ses vastes campagnes sont un endroit propice à posséder beaucoup d’animaux, il faut donc beaucoup de rigueur pour bien faire notre métier lorsqu’on est contrôleur animalier dans ces régions surpeuplées d’animaux et de chenils», nous a écrit une porte-parole du Carrefour Canin de Lanaudière.
Corinne Gonzalez, présidente de l’Association québécoise des SPA et SPCA, qui regroupe une dizaine de sociétés protectrices des animaux, dénombre plusieurs refuges et contrôleurs animaliers dans cette région. Elle remarque aussi «beaucoup de misère humaine», souligne-t-elle.
L’émission d’enquête J.E, diffusée vendredi soir à 21 h 30 sur les ondes de TVA, abordera la question du bien-être animal.
Depuis la création de la nouvelle loi, ce sont 728 dossiers qui ont été ouverts au Québec.
L’exploitante d’une entreprise de contrôle animalier de Sainte-Émélie-de-l’Énergie, dans Lanaudière, a notamment reçu 13 de ces constats d’infraction.
LA POINTE DE L’ICEBERG
D’après Chantal Allinger, vétérinaire et directrice générale d’Anima-Québec, ces chiffres ne représentent qu’une fraction de la maltraitance animale.
Mme Allinger croit que «de la maltraitance animale, il y en a partout», et souligne que de nombreux cas n’aboutissent jamais devant un tribunal.
Chantal Cayer, directrice du Bureau des enquêtes de la SPCA Montréal, ajoute que la majorité des plaintes faites auprès de l’organisme se soldent par de la sensibilisation plutôt que par des sanctions.
«On éduque la population. On leur dit qu’ils doivent changer leur manière de faire. C’est un résultat qui n’est pas quantifiable. Mais nous, à l’intérieur de nos opérations, on le voit», explique-t-elle.
Mme Cayer s’attend à une augmentation du nombre de constats d’infraction dans les prochains mois, car plusieurs plaintes accumulées n’ont pas été traitées pendant la pandémie.
«Source : Ministère de la Justice. Données extraites le 7 avril 2022.»